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L’odyssée de Sven

Auteur: Nathaniel Ian Miller

Editeur: Buchet-Chastel – 25 août 2022 (480 pages)

Lu en août 2022

Mon avis: Stockholm, 1916. Le jeune Sven se morfond dans sa vie étriquée et son travail sans intérêt. Même sa famille ne trouve aucune grâce à ses yeux, à l’exception d’une de ses sœurs. Laquelle, consciente que l’avenir ne sourira pas à son frère dans cette ville, lui glisse sous les yeux une offre d’emploi « exotique » : une entreprise minière recrute des hommes pour son site d’exploitation au Spitzberg (ou Svalbard), un archipel de l’océan Arctique où il fait nuit quatre mois par an. Qu’à cela ne tienne, Sven se lance dans l’aventure polaire et devient mineur. Sa nouvelle carrière prendra fin quelques mois plus tard, lorsqu’il sera gravement blessé dans l’effondrement d’une galerie. Méchamment défiguré, il n’imagine pas de rentrer à Stockholm, ni de rester sur place, à supporter les regards de dégoût ou de pitié des gens. Il décide alors de partir encore plus loin, vers le Grand Nord, dans un fjord isolé, où il deviendra trappeur, tant bien que mal. Le choix d’une vie difficile, dans la solitude et le dénuement, dans une Nature aussi grandiose qu’hostile, où le moindre incident, la plus minime distraction peut se transformer en tragédie, où vous risquez une attaque d’ours polaire alors que vous admirez béatement une aurore boréale. Une vie de bout du monde, coupée de la civilisation plusieurs mois par an, où le scorbut et la dépression guettent.
Mais la vie de Sven ne sera pas aussi solitaire qu’on pourrait le croire : il y aura Tapio, le chasseur finlandais, McIntyre, le géologue écossais, et Eberhard, chien de traîneau peu sociable abandonné par son ancien maître. Il y aura aussi quelques visites inespérées, qui pourraient bien changer la donne.

Remarquable premier roman, « L’odyssée de Sven » est basée sur l’existence d’un ermite légendaire de l’Arctique du début du 20ème siècle, dont on sait très peu de choses. L’auteur lui a inventé une vie, dressant un portrait magnifique d’un homme qui, au prix d’un terrible drame, a finalement trouvé sa voie.
Ce très beau roman, bourré d’ironie, m’a emballée, touchée, parce qu’il parle de solitude, d’acceptation de soi, de poursuite d’idéal ou de rêve, même d’amour, mais surtout de liens d’amitié, la vraie, la profonde, l’authentique, celle qui résiste au temps et à la distance et vous raccroche à la vie. Et tout cela raconté d’une très belle plume, fluide et addictive, qui décrit à merveille les paysages grandioses et qui rend les personnages terriblement attachants. La présentation de l’édition en VO résume très bien ce roman débordant d’humanité : « … un témoignage de la force de nos liens humains, nous rappelant que même dans les conditions les plus inhospitalières de la planète, nous ne sommes pas hors de portée de l’amour ».

En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.

#LodysséedeSven #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Dès le prologue, le héros/narrateur annonce le programme : on l’a appelé Stockholm Sven, Sven le borgne, Sven le baiseur de phoques. On dit de lui qu’il a vécu seul, piégé dans le Grand Nord, qu’il est mort dans un accident, qu’il est un ermite, fou, un original qui abhorre la société. « Tout cela est vrai, et faux en même temps » prévient-il avant de se lancer dans le récit de sa vie.
Nous sommes en 1916 en Suède, et Sven, lassé d’une vie perdue dans un travail sans intérêt, décide de rejoindre le Spitzberg, un archipel de l’Arctique où la nuit règne en maîtresse quatre mois par an, où l’on doit résister aux assauts des éléments comme un coquillage s’agrippe désespérément à son rocher, où l’on peut assister à la splendeur d’une aurore boréale et être dévoré par un ours polaire dans la minute qui suit. À la suite d’un accident presque fatal, Sven se retrouve défiguré et pense immédiatement que c’est un signe du destin : son avenir, c’est la solitude, une vie d’ermite.
C’est ainsi qu’il se met en quête de ce qu’il appellera « son fjord », son silence, sa retraite. En route, il rencontrera de nombreux compagnons, des rêveurs, des marginaux, des exclus ou tout simplement des solitaires. À leurs côtés, il assistera à la naissance d’un glacier, aux jeux des renards polaires dans un jour sans fin, apprendra l’art de la trappe et de la pêche. Seul, il ira au bout de lui-même pour mieux retrouver le reste du monde.

Quelques citations:
– « Et j’aimerais tant montrer ces mots à Helga. C’est elle, après tout, qui m’a pressé d’écrire, il y a tant d’années. J’y rechignais alors, arguant que la dernière chose qu’on a envie de faire, quand on se débat désespérément contre les confins de sa solitude, c’est de passer plus de temps seul, pour regarder à l’intérieur de soi. « C’est retourner le couteau dans la plaie, disais-je à l’époque. Revivre ma vie sur papier ressemble à une cruauté infligée à moi-même et aux malchanceux qui se retrouveraient à lire l’histoire. Et qui en aurait envie?
– Si tu ne consignes rien, répondait-elle, les gens que tu aimes ne se souviendront que du squelette de ce que tu as vécu. Ton esprit mourra avec toi. »
– « On n’imagine pas les tours que l’esprit peut jouer, quand il est privé d’une écoute humaine. »
Evaluation :

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