mardi , 19 mars 2024

Peine des faunes

Auteure: Annie Lulu

Editeur: Julliard – 25 août 2022 (320 pages)

Lu en août 2022

Mon avis: Arusha, Tanzanie, 1986 : dans une famille relativement aisée, Rebecca élève ses huit enfants. Maggie, l’aînée des filles, termine le lycée et rêve d’aller à l’université l’année suivante, et d’épouser son fiancé. Ses rêves s’écroulent le jour où sa mère Rebecca décide de rentrer dans son village natal pour se joindre à la lutte contre la compagnie pétrolière qui veut construire un oléoduc et pour cela exproprier les habitants, parmi lesquels la mère de Rebecca. Il suffira de ces quelques jours d’absence pour que la tragédie fasse son entrée dans la famille, en commençant par briser le destin de Maggie. Son père l’oblige à épouser un meilleur parti que son gentil (et lâche) fiancé. Maggie se rebelle, commet l’irréparable en secret qui, comme une bombe à retardement, lui explosera à la figure des années plus tard.

Ecosse, 2047 : Jacob, le petit-fils de Maggie, vit dans une ferme avec sa compagne et leur petite fille, ainsi qu’avec Viviane, sa mère (et fille cadette de Maggie) et Ari, son mari. Tous sont de fervents activistes écologiques et défenseurs de la cause animale, dans une société désormais majoritairement anti-spéciste, et dans laquelle subsistent encore des groupuscules réactionnaires défendant, y compris par la violence, les droits et libertés des êtres humains, qu’ils considèrent supérieurs aux autres espèces vivantes. Mais Jacob est surtout le descendant de quatre générations de femmes, celui auquel il incombera, ou pas (il devra trancher la question de savoir si la vengeance est compatible avec sa conviction que le vivant est sacré), de mettre un terme au cycle de violence familiale ouvert 60 ans plus tôt.

Quel curieux mélange de genres que ce roman. Je me croyais embarquée dans un récit sur les violences faites aux femmes, et sur le combat pour leur émancipation et leur liberté. Mais arrivé au tournant des années 2020, le roman bascule vers un autre sujet (présent également dans la première partie mais de manière plus anecdotique) : les causes environnementale et animale, dans une société où ces luttes sont de plus en plus acceptées, poussées et radicales, et légitimées par les gouvernements, qui légifèrent en conséquence.
Ce mélange de thèmes ne m’a pas vraiment convaincue. J’ai aimé la première partie, ses portraits de femmes, puissantes ou faibles, mais attachantes, leurs tragédies et leurs combats, leur histoire poignante. La seconde partie m’a laissée plutôt indifférente, ce n’est pas ce que j’avais envie de lire, je ne m’attendais pas à basculer dans la dystopie (ou utopie, c’est selon), je n’ai pas très bien compris le lien entre les deux thématiques, à part évidemment le caractère sacré du vivant, toutes espèces confondues, et la dénonciation de la violence humaine à l’égard des femmes et de l’environnement, et les exils qui en découlent. J’ai eu l’impression que ces pages ne servaient qu’à « meubler » les années passées à attendre le retour éventuel de Samuel (celles/ceux qui ont lu comprendront), et d’ailleurs les événements de cette période sont racontés presque comme dans un reportage, d’une façon trop rapide et sans le souffle de la première partie, comme si l’auteure était pressée d’en finir.

Un avis mitigé, donc, malgré la belle écriture, poétique, puissante et évocatrice.

En partenariat avec les Editions Julliard via Netgalley.

#PeinedesFaunes #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Peine des Faunes nous plonge dans la vie quotidienne d’une famille tanzanienne en 1986. Rébecca élève huit enfants. Sa fille aînée, Maggie, rêve d’étudier à l’université. Mais Rébecca entre en lutte contre une compagnie pétrolière sur le point d’exproprier les habitants de son village natal. Son départ précipité fait brutalement basculer le destin de Maggie et pose la première pierre d’une tragédie familiale s’étirant sur cinq générations.
De la Tanzanie des années quatre-vingt à l’Écosse contemporaine, Peine des Faunes est une ode poétique à la fragilité de la condition humaine et un urgent plaidoyer pour le vivant. Tissant ensemble les thématiques féministe et environnementale, Annie Lulu brosse une galerie de portraits de femmes inoubliables, dont le combat pour la liberté et la justice finira par être récompensé.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. J’en parle bientôt mais j’ai aussi été perturbée par le mélange des deux thèmes

    • Ah je suis curieuse de lire votre avis. J’ai vu aussi sur Babelio les avis de deux autres lecteurs qui n’ont pas trop adhéré non plus.