Auteur: Anne Duvivier
Editeur: Murmure des soirs – 2016 (222 pages)
Lu en avril 2018
Mon avis: Que cherche-t-on vraiment quand on va chez le coiffeur ? Se rafraîchir en même temps la coupe et les idées en écoutant les derniers ragots du quartier, changer de tête comme pour un nouveau départ ou pour pouvoir croire qu’on est quelqu’un d’autre, échapper le temps d’un balayage à la pression du quotidien, s’abandonner sous le casque au plaisir coupable de la lecture de magasines qu’on jurerait par ailleurs ne jamais acheter ou ne même pas connaître, écouter l’air de rien le nez dans un bouquin les échanges entre la coiffeuse et ses autres clients et se dire qu’il y a peut-être matière à en faire un roman ?
Il y a un peu de tout ça dans le salon « Chez Jackie », qui a pignon sur le côté populaire de la place Flagey à Bruxelles. Et Jackie, la patronne, à quoi rêve-t-elle ? A 55 ans, elle peut être fière de sa réussite : après avoir galéré dans sa jeunesse pour élever ses deux enfants après son divorce, elle est parvenue à s’installer à son compte et gère désormais son salon et la petite wasserette contiguë (= laverie automatique pour les non-Belges 🙂 ). Côté cœur, elle se croit satisfaite de sa relation à la sauvette avec Guy, un homme marié. En réalité, avec son âme de midinette, elle rêve d’amour avec un grand A. Sinon, pourquoi ressentirait-elle cette pique de jalousie quand sa meilleure amie Colette drague Brian, client anglais un peu dandy, en lui récitant du Shakespeare ? Par ailleurs, tandis que Maurice, amoureux transi et comptable efficace, lui fait les yeux doux à chaque déclaration TVA, Jackie se préoccupe de l’avenir de ses enfants, Carlo qui travaille beaucoup trop et Nina qui ne travaille pas du tout malgré son diplôme en psychologie et qui décide de partir en Inde, à la grande inquiétude de sa mère.
My Brussels beauty, c’est quelque chose entre « Plus belle la vie » et « Melting Pot Café » (le côté Marolles en moins) : tranches de vie, péripéties rocambolesques, petits drames et grandes émotions, vraies vacheries et faux-semblants d’amour ou d’amitié, admirations secrètes et humour parfois désabusé, le tout très « ixello-ancré »*. Les personnages sont plutôt stéréotypés et l’intrigue assez improbable, mais après tout, au pays du surréalisme, on en a vu d’autres. Un roman « de quartier » (comme il y a des romans « de terroir »), au plus près du quotidien, globalement savoureux même si la concession finale du cœur à la raison me laisse un peu sur ma faim. Un moment de lecture léger et agréable mais pas inoubliable, juste ce qu’il faut pour un dimanche pluvieux.
* Ixelles étant une des communes de Bruxelles tout en diversité sociale et culturelle.
#LisezVousLeBelge
Présentation par l’éditeur:
Un quartier animé de Bruxelles. Dans le salon de coiffure de Jackie, c’est tout un petit monde qui évolue. On s’y confie, on drague, on médit, on aime, on se compare, on rêve d’une vie meilleure, tandis qu’on se fait coiffer ou tailler la barbe.
Sur fond d’amitié, la vie d’une femme telle qu’on en rencontre dans la vie de tous les jours. Et si au fil des pages l’aventure est au rendez-vous, parfois de façon brutale, l’amour ne se laisse pas usurper son rôle de joker.