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Triangulation ou des goûts du voyage

Auteur: Gloria Lanéry

Editeur: Publishroom – 31 mai 2019 (270 pages)

Lu en octobre 2019

Mon avis: C’est peu de dire que Gloria Lanéry n’est pas une touriste lambda. Voyageuse manifestement aguerrie, elle a exploré certains des recoins les plus reculés de la planète, de la Sibérie à l’Antarctique, à la rencontre de leurs habitants et de leurs paysages. Dans ce livre, elle relate sept histoires, sept récits ou épisodes de voyage, dans lesquels elle veut montrer le monde tel qu’il est (tel qu’elle le voit), c’est-à-dire pas forcément beau et enchanteur.
Parmi ces sept récits, autant le dire franchement (puisque l’auteure ne se prive pas non plus d’afficher haut et fort ses opinions – cf plus loin), ceux sur la Chine et l’Inde m’ont ennuyée avec leurs longues descriptions ou anecdotes, dont l’intérêt m’a échappé. Les autres chapitres m’ont captivée davantage. Celui sur la Sibérie pour son côté romanesque et sa peinture de la bureaucratie post-soviétique mais néanmoins kafkaïenne. Le chapitre Sinaï 1 donne à voir un exemple fascinant de « non-charité » chrétienne revancharde et mesquine, et l’épisode antarctique m’a mis la larme à l’œil avec son manchot orphelin. Quant au voyage dans la Libye de Kadhafi, il illustre la place et le sort des femmes dans la culture et la religion de ce pays. Et à propos de sort des femmes, l’auteure « se lâche » dans le texte Sinaï 2, où elle expose sans filtre son point de vue sur l’excision et la condition féminine en général, quitte à choquer ses deux interlocutrices. Elle pense, en substance, que si les femmes ont, de tout temps, été opprimées par les hommes, c’est parce qu’elles ne se révoltent pas contre leur sort. Opinion tranchée, qu’on approuve ou pas, mais qui a le mérite d’avoir été exprimée.
Dans sa conclusion, l’auteure oppose voyage et tourisme, déplorant les effets pervers de ce dernier depuis qu’il est massif et globalisé et qu’il bouscule irréversiblement les équilibres naturels et culturels de lieux autrefois préservés. Selon elle, le touriste, contrairement au voyageur, refuse l’immersion totale (donc forcément éprouvante) dans les lieux qu’il vise et qu’il ne fait que défigurer.
Ce livre est globalement intéressant et montre l’étendue de la culture et du vocabulaire de l’auteure (personnellement, je préfère les écritures un brin plus sobres). Il se termine par une phrase à laquelle j’adhère (même si je n’ai pas encore fait tous les voyages que je voulais) : « Je peux dire, cependant, que j’ai fait tous [les voyages] que je voulais faire, découvrant en chemin qu’on peut toujours aller plus loin quand l’espace est en soi ».

En partenariat avec les Editions Publishroom via Netgalley.
#TriangulationOuDesGoÛtsDuVoyage #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur: 

Suivez Gloria Lanéry sur ses routes lointaines — en Chine, en Inde, en Sibérie, en Afrique —, où les rencontres et les événements forment un tableau saisissant de notre monde.

Dans la quête géographique du point d’équilibre nécessaire à la marche entre le merveilleux et l’odieux, le monde, pas plus qu’il n’est plat sous nos semelles, n’est un objet étale de contemplation. Il est trop divers, trop complexe, trop brutal à l’autre bout d’un sourire accueillant pour ne lui accorder, en retour, qu’un enchantement fadasse.
Au fil de sept histoires fortes qui nous entraînent jusqu’en Antarctique, Gloria Lanéry nous offre un point de vue audacieux sur l’état de notre planète et sur celles et ceux qui l’habitent quand on y regarde de plus près, en voyageur plutôt qu’en touriste.

Evaluation :

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