mardi , 14 mai 2024

Un autre tambour

Auteur: William Melvin Kelley

Editeur: Delcourt – 4 septembre 2019 (260 pages)

Lu en septembre 2019

Mon avis: Prenez un Etat imaginaire des Etats-Unis, coincé là tout en bas entre Alabama et Mississippi. Voilà, vous situez géographiquement.
Prenez un événement tout aussi imaginaire qui se déroule dans ce même Etat en 1957, à savoir le soudain départ de toute la population noire vers le nord, pour toujours. Vous situez maintenant l’époque et le contexte racial.
Observez alors le départ des « nègres » à travers le regard abasourdi des Blancs. Un exode sans crier gare, apparemment déclenché par les agissements insensés de Tucker Caliban, un jeune fermier noir qui, en quelques heures, épand du sel sur son champ, abat son cheval et sa vache, met le feu à sa maison et quitte les lieux sans mot dire, avec sa femme enceinte. Sous la véranda de l’épicerie locale, les Blancs assistent à ce départ massif, spontané et silencieux, et se perdent en conjectures. D’autres voix s’élèvent alors du passé pour poser les jalons d’une explication. Ce sont principalement celles de la famille (blanche) Willson, dont un membre a autrefois acheté l’Africain, ancêtre de Tucker, à un négrier. Jusqu’à ce jour de 1957, les Willson ont été liés aux Caliban. Après l’abolition de l’esclavage, ces derniers ont continué à travailler pour leurs anciens maîtres, jusqu’à ce que Tucker s’en détache définitivement en leur achetant un lopin de terre pour le cultiver pour son propre compte. On observe, sur quatre générations, un long processus d’émancipation, en suivant en parallèle les Willson de plus en plus progressistes au fil du temps, et les Caliban, passant de l’esclavage à la liberté, au fil de ce même temps. Mais cette liberté gagnée ne suffira pas à éviter le départ de Tucker, ni les regrets de Dewey Willson, qui aurait pu aider à faire progresser les esprits si seulement il y avait mis un peu plus d’engagement et de courage. Mais au final l’un reste sur place et l’autre avance, mettant en œuvre sa propre conception de la liberté, hors de la politique et des mouvements pour les droits civiques.

Je dois avouer que ce roman m’a laissée perplexe. Remarqué à sa publication en 1962 pour l’originalité de son sujet (le point de vue des Blancs décrit par un Noir, en pleine ségrégation raciale), par la jeunesse de son auteur (un premier roman, en plus), propose-t-il une solution radicale au racisme, le départ des Noirs vers des régions plus libérales ? Pour moi, la raison de cet exode impulsif reste confuse. Plus clair est le message qui passe à travers les mots de Thoreau, en exergue : écouter et suivre la musique de notre propre tambour intérieur même (et surtout) si elle est différente de celle des autres.

En partenariat avec les Editions Delcourt grâce au Picabo River Book Club.
#PicaboRiverBookClub

Présentation par l’éditeur:

Juin 1957. Un après-midi, dans une petite ville du Sud profond des Etats-Unis, Tucker Caliban, un jeune fermier noir, recouvre de sel son champ, abat sa vache et son cheval, met le feu à sa maison, puis quitte la ville. Le jour suivant, toute la population noire déserte la ville à son tour.
Quel sens donner à cet exode spontané ? Quelles conséquences pour la ville, soudain vidée d’un tiers de ses habitants ?
L’histoire est racontée par ceux qui restent : les Blancs. Des enfants, hommes et femmes, libéraux ou conservateurs. Une histoire alternative et audacieuse, un roman choc, tant par sa qualité littéraire que par sa vision politique.

Evaluation :

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