Auteure: Helen Hanff
Editeur: Autrement – 2000 (113 pages)/Le Livre de Poche – 2003 (156 pages)
Lu en juillet 2025
Mon avis: En 1949, Helen Hanff, écrivaine new-yorkaise fauchée, adresse un courrier à la librairie Marks & Co à Londres, spécialisée en livres rares d’occasion. Un certain Frank Doel, employé de la librairie, lui répond. C’est le début d’une correspondance qui durera 20 ans, jusqu’à la mort de Frank en décembre 1969. Les deux correspondants n’auront jamais l’occasion de se rencontrer, Helen Hanff n’ayant jamais réussi à réunir l’argent nécessaire au voyage. Ce n’est qu’après la publication de ce livre, qui remporte un succès inattendu, qu’elle pourra finalement se rendre à Londres en 1971, alors que la librairie a définitivement fermé ses portes.
Résumé comme ça, on pourrait s’attendre à lire une histoire plus ou moins romantique, faite de sentiments qu’on ose à peine exprimer ni même avouer à soi-même, ou d’envolées lyriques qui s’élèveraient de Londres et de New York pour tenter de se rejoindre quelque part au-dessus de l’Atlantique, mais qui seraient sans cesse contrariées par la distance et la dèche, sans bonne fée pour y remédier.
Eh bien… ce n’est pas exactement cela. La quatrième de couverture vante une correspondance où « la familiarité a laissé place à l’intime, presque à l’amour », mais je cherche encore la moindre intimité dans ces lettres, et quant à l’amour, tout est sans doute dans le « presque ».
Foin de romantisme ou de lyrisme, on a, d’un côté de l’Atlantique, une écrivaine au bord de la précarité, un peu excentrique et capricieuse, au ton ironique, impertinent et autoritaire, et de l’autre, un employé modèle qui se coupe en quatre pour dénicher les livres commandés et qui répond avec la plus exquise des politesses so british.
Au-delà du contraste UK (policé) vs US (spontané), de la relation cliente-commerçant, on comprend cependant que derrière la brusquerie apparente d’Helen Hanff se cache un cœur grand comme ça. Pendant les premières années d’échanges, elle n’aura de cesse, en effet, d’envoyer des colis alimentaires à la librairie, à une époque où la Grande-Bretagne est en plein rationnement.
Cette générosité lui vaudra de nombreux remerciements des autres employés de la librairie, et même de la femme de Frank (eh oui, l’homme est le gendre idéal).
Mais donc, même si tout cela est plein de verve, voire de charme, et donne un aperçu de la vie britannique dans l’après-guerre, je ne comprends pas très bien le succès de ce recueil. Le style des lettres n’a rien de remarquable, et leur contenu (qui se résume à des commandes de livres, envois d’argent et de facture, remerciements pour les colis, et à quelques traits d’humour au second degré dont on ne saura jamais comment ils ont été perçus) n’est pas non plus fort original. Je serais curieuse de voir le film qui a été tiré de ce livre, je me demande comment on peut adapter à l’écran ce type de littérature.
En tout cas, ce fut une lecture rapide, fluide, distrayante, mais qui me laisse sur ma faim, malgré l’engouement général.
Présentation par l’éditeur:
Par un beau jour d’octobre 1949, Helene Hanff s’adresse depuis New York à la librairie Marks & Co., sise 84, Charing Cross Road à Londres. Passionnée, maniaque, un peu fauchée, extravagante, Miss Hanff réclame à Frank Doel les livres introuvables qui assouviront son insatiable soif de découvertes. Vingt ans plus tard, ils s’écrivent toujours et la familiarité a laissé place à l’intime, presque à l’amour.
Drôle et pleine de charme, cette correspondance est un petit joyau qui rappelle avec une délicatesse infinie toute la place que prennent, dans notre vie, les livres et les librairies.
Livre inattendu et jamais traduit, 84, Charing Cross Road fait l’objet, depuis les années 1970, d’un véritable culte des deux côtés de l’Atlantique.