Auteur: Claudia Piñeiro
Editeur: Babel – 2017 (176 pages)
Lu en avril 2017
Mon avis: La vie d’Inès est parfaite : dans une belle maison dans un quartier chic de Buenos Aires, elle mène une vie oisive et futile de femme au foyer qui n’a à se préoccuper que de son cours de yoga et des apparences, avec Ernesto qu’elle connaît sur le bout des doigts (croit-elle) depuis 20 ans qu’ils sont mariés. Ah oui, et puis elle a aussi une fille de 17 ans qui fait constamment la gueule (mais ne vous inquiétez pas, c’est une ado, ça lui passera).
Et puis un jour, Inès trouve dans les affaires de son mari un coeur dessiné au rouge à lèvres, transpercé d’un « je t’aime » et signé « à toi ». Futée, elle comprend très vite qu’elle est membre malgré elle d’un triangle amoureux qui semble inclure Alicia, la secrétaire de son mari. Pour en avoir le coeur net, elle suit discrètement celui-ci et assiste à l’ « accident » qui coûte la vie à Alicia. En maîtresse-femme imprégnée jusqu’aux cuticules de son sens du devoir conjugal, elle prend les choses et son mari en mains (surtout ne pas se laisser aller, comme sa nouille de mère quand son père les a abandonnées il y a 30 ans), prête à tout (et quand on dit « tout », c’est vraiment « tout ») pour sauver son couple et donc les apparences (ou plutôt son apparence de couple, comme diraient les mauvaises langues).
Et puis c’est alors que surgit Charo, la nièce d’Alicia. Mais quel rôle joue-t-elle dans cette histoire ? Pauvre Inès, elle qui n’a jamais compris ce qu’était un triangle isocèle, la voilà confrontée à la quadrature du cercle, avec un paquet d’hypothèses à géométrie variable. Elle finit par comprendre la vérité et échafaude un plan machiavélique qui assouvira sa vengeance. Ou pas. Mais ce qui est sûr, c’est que, aveuglée par ce « sauvetage », elle délaisse totalement sa fille qui pourtant, de toute évidence, file un mauvais coton. Mais quoi, ce n’est quand même pas la mauvaise humeur chronique d’une gamine apathique qui va détourner Inès de sa mission capitale ?
Un suspense vaudevillesque, plein de rebondissements, de manipulations et de cynisme, dans lequel Inès, à la fois naïve et déterminée cherche une solution qui risque de créer encore plus de problèmes. Immoral, drôle et addictif, ce roman de 170 pages se lit à toute vitesse. Méfiez-vous des apparences, un coeur peut en cacher un autre. Ce n’est pas « à toi » qui dira le contraire.
Présentation par l’éditeur:
Un coeur dessiné au rouge à lèvres, transpercé d’un « je t’aime » et signé « A toi ». II n’en faut pas davantage à la perspicace Inés pour découvrir que son mari la trompe. Drapée dans sa dignité, elle sauve les apparences mais n’en exerce pas moins une surveillance active. C’est ainsi qu’elle assiste, impuissante (et soulagée ?), à l’assassinat dont se rend coupable son doux et d’ordinaire si prévisible Ernesto sur la personne de sa secrétaire et présumée maîtresse. Dès lors, Inés est prête à toutes les audaces pour éviter l’humiliation publique des femmes bafouées et, surtout, ne pas ressembler à sa pitoyable mère.
Pendant qu’elle sillonne la ville de Buenos Aires, subtilisant sans vergogne des pièces à conviction ou interrogeant habilement de présumés témoins, sa fille adolescente semble de bien méchante humeur. Se pourrait-il qu’elle ait des soucis autrement plus préoccupants ?
Un thriller tragicomique au vitriol sur les vicissitudes de la vie domestique dans la classe moyenne argentine.
Quelques citations:
– … c’est pour cela qu’elle détestait ce dicton populaire d’après lequel les seins parfaits étaient ceux qu’on réussissait à faire entrer dans une coupe à champagne. Une coupe ronde, bien entendu, pas une flûte.
– Je crois que cela devait faire quinze ou seize ans qu’Ernesto ne m’avait pas pris les mains de cette façon. Ma mère m’aurait dit: « Il faut davantage te méfier des hommes lorsqu’ils t’offrent des fleurs que lorsqu’ils te flanquent des gifles. »
Voilà qui pique ma curiosité ! Mais c’est surtout grâce à ton excellente critique pleine d’humour…
merci Mimi! 🙂