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Le roi n’a pas sommeil

Auteur: Cécile Coulon

Editeur: Points – 2014 (152 pages)

Lu en février 2014

le roi n'a pas sommeilMon avis: Cécile Coulon s’y entend pour créer des ambiances. On visualise sans peine la petite ville paumée des années 50, quelque part dans le sud profond des USA, et ses habitants en perdition. Surtout les hommes, qui après s’être tués à la tâche à la scierie le jour, finissent de s’abrutir avec le tord-boyaux du bar local le soir.
Parmi ces hommes, on nous parle d’abord de Thomas Hogan, et dès les premières pages, on comprend que ça se passera mal pour lui. Un peu plus loin, on remonte le temps et on nous présente William Hogan, père du précédent, mort inopinément alors que Thomas n’était qu’un enfant.
Les 140 pages du roman tentent de nous expliquer pourquoi Thomas a mal tourné, alors qu’il semblait pourtant né sous une moins mauvaise étoile que celles allouées à ses camarades du même âge.
Pour comprendre cette « malédiction », on nous fait remonter aux supposées racines du mal, c’est-à-dire à la jeunesse du père, William. Celui-ci est un travailleur acharné, qui à force de labeur, réussit à économiser pour acheter le domaine dont il rêvait. Il épouse Mary, le meilleur parti de la ville. Tout pour être heureux, donc. Sauf que William a parfois un regard étrange, dans lequel Mary voit sourdre la violence, sans comprendre d’où elle vient. C’est là qu’on nous donne un indice : certains soirs, William donne un coup de main au poste de police pour classer les fiches vertes, sur lesquelles sont répertoriées toutes les atrocités perpétrées dans la région.
Thomas grandit dans la quasi-indifférence de son père, qui ne retrouve guère son image dans la silhouette de ce frêle et inoffensif gringalet.
A la mort de William, la vie de Thomas prend un tournant, obligé qu’il est de devenir l’homme de la maison. Dans ce rôle-là, il sera parfait : bon élève à l’école, il ne se laisse pas entraîner sur la mauvaise pente par son copain Paul ; travailleur, il aide sa mère à entretenir le domaine ; devenu bel homme, il se laisse séduire par Donna, jeune fille parfaite. Tout pour être heureux, donc. Mais cette future belle histoire va déraper en même temps que la voiture de Thomas.
Pourquoi ? C’est là tout le problème, je n’ai pas compris pourquoi.
D’accord, le père de Thomas est étrange et violent. Mais est-ce que tout homme bagarreur engendre nécessairement un fils « maudit » ?
Bien sûr, William a eu sous les yeux des fiches de police horribles. Y avait-il donc tant de meurtres sordides commis dans ce trou perdu ? Pas de réponse. Et si encore William en avait parlé à son fils, mais ce n’est pas le cas.
Ensuite, certes, Thomas a perdu son père trop tôt. Et alors ?
Admettons, il subit une déception amoureuse. Mais tous les cœurs brisés ne vont pas en prison.
Bref, ce roman ne me semble pas abouti. Trop elliptique, trop mystérieux. On veut nous faire croire à un certain atavisme, au gène de la violence. Je ne nie pas que le contexte familial et social puisse joue un rôle dans la reproduction de certains comportements, mais ici c’est trop peu étayé psychologiquement. L’auteur n’explique rien, se contente de sous-entendus, avec la conséquence que pour moi, ce n’est pas vraisemblable.
Ceci dit, en dépit de quelques métaphores hasardeuses (y compris le titre), l’auteur possède un talent d’écriture certain, qui fait que malgré tout on reste captivé jusqu’au bout par l’histoire. Mais il reste un goût de trop peu, ce n’est pas assez percutant. N’est pas Steinbeck qui veut…

Présentation par l’éditeur:

Thomas Hogan aura pourtant tout fait pour exorciser ses démons – les mêmes qui torturaient déjà son père. Quand a-t-il basculé ? Lorsque Paul l’a trahi pour rejoindre la bande de Calvin ? Lorsqu’il a découvert le Blue Budd, le poker et l’alcool de poire ? Lorsque Donna l’a entraîné naïvement derrière la scierie ?

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Un récit pas très convaincant… Trop de questions sans réponses, semble-t’il ? Je passe mon tour.

    • Tu ne perdras pas grand-chose 😉 J’ai été « obligée » de le lire (ainsi que « les baleines se baignent nues » d’ailleurs), parce j’étais jurée du Prix du Meilleur Roman des lecteurs des éditions Points en 2014, et qu’ils faisaient tous 2 partie de la sélection. Je n’avais pas voté pour eux 😉