Auteur: Maïa Kanaan-Macaux
Editeur: Julliard – 3 mars 2022 (192 pages)
Lu en avril 2022
Mon avis: Isabelle s’est exilée de sa propre vie, à la suite d’un drame familial. Etouffant depuis lors dans une vie dépourvue de sens, elle abandonne tout un beau matin, son mari, son métier, son téléphone, Paris. Elle débarque à Nice, un peu par hasard, ou pas.
Ibrahim s’est exilé de son propre pays, la Guinée, a traversé le nord de l’Afrique et la Méditerranée, en quête d’un avenir qui lui permettra de subvenir aux besoins de son père malade et de sa famille. Au bout de plusieurs mois d’un périple infernal, à quinze ans à peine, il échoue à Nice, à la rue.
A sa sortie de la gare, Isabelle, complètement paumée, aperçoit Ibrahim et ses semblables faire la file pour obtenir un café chaud et peut-être une solution de logement. Isabelle, en pilotage automatique, se joint à eux et se voit attribuer une chambre dans le même hôtel social que le jeune garçon.
Peu à peu, ils s’apprivoisent, se prennent d’affection, et Isabelle, enseignante de formation, s’improvise professeur de français pour Ibrahim et d’autres migrants en situation illégale. Elle se démène aussi pour faire régulariser le statut administratif d’Ibrahim qui, en tant que mineur étranger isolé, devrait être automatiquement pris en charge par les autorités françaises.
Dans l’intervalle, elle emmène Ibrahim dans ses randonnées dans l’arrière-pays montagneux. C’est ainsi qu’ils rencontrent Jean qui, loin d’être un exilé, est au contraire bien ancré dans sa terre et son travail d’oléiculteur. Une rencontre qui sera déterminante pour tous les trois.
Si j’ai trouvé le parcours d’Isabelle peu crédible (l’hébergement qu’on lui accorde sans poser de questions, les deux ans qui s’écoulent avant que quelqu’un de son passé se préoccupe de la rechercher,…), celui d’Ibrahim est malheureusement très réaliste, et ce roman a le grand mérite de dénoncer le sort réservé à ces mineurs étrangers, que l’administration française (mais pas qu’en France) abandonne à un sort précaire, sous le faux prétexte qu’ils « ne sont peut-être pas mineurs » dès lors que les tests osseux laissent toujours une marge d’erreur dans l’estimation de leur âge.
D’une lecture fluide et rapide, « Les exilés » m’a semblé un brin trop naïf et stéréotypé, mais il reste une jolie histoire de solidarité, de tolérance et de résilience.
En partenariat avec les Editions Julliard via Netgalley. #Lesexilés #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
Sans raison apparente, Isabelle quitte son mari, son métier d’enseignante et la ville où elle habite. Dans son errance, elle rencontre un migrant guinéen de quinze ans pour lequel elle se prend d’affection. Logée dans le même hôtel social que le garçon, Isabelle retrouve le plaisir de transmettre en apprenant à Ibrahim les rudiments du français. Élève motivé, mais toujours sur ses gardes, l’adolescent lui raconte peu à peu son histoire. Alors qu’Ibrahim est menacé d’expulsion, ils font la connaissance de Jean, un oléiculteur de la région. Entre ces trois personnages va naître une bouleversante relation d’amour et de solidarité.
Croisant les voix d’Isabelle et d’Ibrahim, Les Exilés est un roman sur la reconstruction d’êtres fragilisés par leurs trajectoires intimes. C’est aussi un témoignage fort sur le traitement réservé aux mineurs isolés étrangers.
Une citation:
– C’est comme ça, en Europe, tout le monde réfléchit trop, tout est compliqué, les papiers, le travail, la famille, l’informatique qui est devenue le maître du monde. Tu n’existes pas sans l’informatique. On se demande s’ils n’ont pas inventé toutes ces lois, toutes ces règles et toutes ces contraintes pour oublier ce qui a de l’importance.
Tout devient source d’inquiétude. Tout le monde est stressé.