lundi , 7 octobre 2024

Marchands de mort subite

Auteur: Max Izambard

Editeur: Editions du Rouergue – 6 octobre 2021 (352 pages)

Lu en septembre 2021

Mon avis: La jeune journaliste française Anne Marlot, installée en Ouganda, a disparu. Aux dernières nouvelles, elle serait partie en reportage dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Averti par le consulat, son père, Pierre, prend le premier avion pour Kampala. Sur place, face à la passivité des autorités consulaires, il décide de mener discrètement ses propres recherches. Il comprend rapidement qu’Anne avait découvert un trafic illicite d’or entre l’Est de la RDC et l’Ouganda. Il rencontre Juliet Ochola, journaliste locale qui s’intéresse à l’affaire et reprend l’enquête. Ce qui, dans cette région du monde, est tout sauf une promenade de santé. Intimidations, menaces de mort, enlèvement, torture ou assassinat, rien n’arrête ceux qui tiennent par-dessus tout à l’argent et rêvent d’en accumuler toujours plus. L’argent, et/ou le pouvoir, d’ailleurs, puisque la corruption gangrène tous les échelons du régime. Dans ce contexte, complots, trahisons et doubles jeux sont monnaie courante entre politiciens, riches hommes d’affaires, militaires et diplomates. Rien de très reluisant, mais plus personne ne s’en offusque, sauf quelques journalistes têtes brûlées, ou des étudiants qui se révoltent sporadiquement contre les injustices, avant que leur mouvement de protestation soit brutalement réprimé.

Je n’avais pas encore lu de roman situé en Ouganda, et « Marchands de mort subite » m’a permis en découvrir un bout sur le contexte économique, politique et social de ce pays.

Même si je savais que la région des Grands Lacs et de l’Est du Congo est l’une des zones les plus instables et insécurisées du monde avec ses milices rebelles de tous bords, ses conflits inter-ethniques sans fin, ses trafics d’armes et de pierres précieuses, j’ignorais tout de cette histoire d’exportation illégale d’or vers l’Ouganda. Max Izambard, qui y a vécu plusieurs années, maîtrise manifestement son sujet, et il nous embarque dans les méandres d’une enquête dangereuse où, vu les intérêts en jeu, tous les coups sont permis. En plus d’être habilement construit, ce premier roman est bien écrit, le ton est juste, le style agréable et soigné, les personnages bien campés et incarnés.

Drame à la fois personnel et collectif, sur le thème de l’opposition entre désir (vain) de vérité et de justice, et soif inextinguible de pouvoir et d’argent, « Marchands de mort subite » est un roman qui, malgré une fin un peu trop rapide à mon goût, m’a beaucoup intéressée.

Merci à Max Izambard et aux Editions du Rouergue pour cette découverte.

Présentation par l’éditeur:

Pierre Marlot observe une colonie d’avocettes en baie de Somme lorsqu’il reçoit un appel du consul de France en Ouganda. On n’a plus de nouvelles de sa fille Anne, journaliste prometteuse et farouchement indépendante, depuis qu’elle est partie dans l’Est de la République démocratique du Congo pour les besoins d’un reportage. En arrivant à Kampala, Pierre comprend qu’il ne faut rien attendre des services consulaires. Il se lance dans une quête solitaire sur les traces de sa fille. C’est ainsi qu’il rencontre Juliet Ochola, une journaliste travaillant pour un grand quotidien ougandais. Juliet décide de reprendre le travail d’Anne. Dans un pays où les journalistes subissent menaces de mort et arrestations arbitraires, elle s’engage dans une enquête à haut risque, alors même qu’une insurrection étudiante met la capitale à feu et à sang.
Dans ce premier roman, passionnante enquête sur les minerais du sang qui tient le lecteur en haleine de la première à la dernière page, Max Izambard nous transporte au cœur d’une Afrique des Grands Lacs affamée de justice. Dans un labyrinthe de questions et de faux-semblants, ses magnifiques personnages luttent pour faire émerger des vérités dérangeantes face à un pouvoir aux abois.

Evaluation :

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