mardi , 10 décembre 2024

Les Chutes

Auteur: Joyce Carol Oates

Editeur: Points – 2006 (552 pages)

Prix Femina étranger 2005

Lu en octobre 2015

les chutesMon avis: Alors évidemment, les Chutes, au sens premier, ce sont celles du Niagara. Elles fascinent ceux qui les approchent par leur puissance irrésistible et attirent inexorablement les désespérés par leur magnétisme. Ce roman n’ayant cependant pas vocation à servir de guide touristique, les « chutes » s’entendent aussi sous un sens figuré. Celles d’Ariah, personnage central, fille de pasteur, qui se croit damnée après le suicide de son premier mari au matin de leur nuit de noces. Puis, après quelques années de passion avec un improbable second mari, le richissime avocat Dirk Burnaby, elle connaîtra (en partie par sa propre faute) la dégringolade du haut de l’échelle sociale, sombrant dans une petite vie étriquée faite de mépris et de mesquinerie. La chute de Dirk Burnaby, qui se prend de passion pour une cause perdue et défend la veuve et l’orphelin dans une sinistre affaire de pollution industrielle. La décadence d’une certaine classe politique qui se laisse corrompre par les gros bonnets des grosses entreprises locales pressées de faire du chiffre pour satisfaire leurs actionnaires.
Malheureusement pour moi, le thème qui m’a le plus intéressée (l’affaire judiciaire du Love Canal) est aussi celui qui est développé le plus superficiellement. J’ai bien compris qu’Oates ne fait pas dans le thriller juridique, mais c’est frustrant, pour la juriste que je suis, de voir la première « class action » de l’histoire américaine survolée aussi brièvement. Quant au reste du roman, il tient surtout au développement de la psychologie des personnages, aux prises avec des histoires familiales lourdes et compliquées. La palme de l’esprit torturé revient à Ariah, femme complexe, fragile, entêtée, hystérique, coincée, étouffante, bornée, passionnée ou glaciale, bref, givrée. Ses trois enfants sont passablement paumés, eux aussi, mais faut-il s’en étonner avec une mère aussi toxique ?
Il se dégage de ce roman une sensation de malaise permanent, d’asphyxie, de confusion, tant son déroulement est lent et sinueux, voire chaotique. Trop de changements de focale, trop de tableaux collés les uns à côté des autres sans qu’on perçoive la trame derrière. On perd le fil, on s’y perd dans des détails et épisodes inutiles (Royall au cimetière, Chandler lors de la prise d’otages…). Quant à la « malédiction des Chutes », principal argument de la quatrième de couverture, elle m’a semblé tenir plus du gadget d’éditeur que de fil rouge du roman, en tout cas je n’ai pas trouvé ce filon fort bien exploité.
Si ceci est « l’un des meilleurs, des plus aboutis » romans de l’auteur (dixit le Monde), je n’ai pas très envie de lire les autres…

Présentation par l’éditeur:

Au matin de sa nuit de noces, Ariah Littrell découvre que son époux s’est jeté dans les chutes du Niagara. Durant sept jours et sept nuits, elle erre au bord du gouffre, à la recherche de son destin brisé. Celle que l’on surnomme désormais  » la Veuve blanche des Chutes  » attire pourtant l’attention d’un brillant avocat. Une passion aussi improbable qu’absolue les entraîne, mais la malédiction rôde…

Evaluation :

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2 commentaires

  1. J’ai le même ressenti sur cette auteure, il y a toujours d’inutiles digressions dans ses romans. De plus, leurs thèmes ne sont jamais joyeux et c’est un euphémisme que de le souligner. Malgré tout, j’ai été touchée par « Mudwoman » (petite fille jetée dans la boue…).