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Parmi d’étranges victimes

Auteur: Daniel Saldaña Paris

Editeur: Métailié – 22 août 2019 (288 pages)

Lu en juillet 2019

Mon avis: Rodrigo, le narrateur, a 27 ans, vit à Mexico et est un « gratte-papier accroché à ses routines« . Pas la moindre volonté, pas la moindre personnalité, il se contente de se laisser porter par les événements, se retrouvant même marié sans l’avoir voulu, à la suite d’une bête blague anonyme, avec sa collègue Cecilia, aussi cruche et incolore que lui. Au tableau des grandes initiatives existentielles de Rodrigo, on peut voir épinglées la décision de rentrer chez lui à pied plutôt qu’en métro, celle de s’arrêter en chemin pour boire un thé et d’ainsi entamer une collection de sachets de thé usagés (avouez, vous n’y aviez jamais pensé, si?). Ou encore, celle de partir à la rescousse de la poule qui occupe le terrain vague en face de chez lui et qu’il passe son temps à observer, et qui a soudain disparu. Avec les dangers inhérents à pareille aventure : se prendre un coup sur la tête, se réveiller le nez dans la boue, se traîner chez soi et… trouver un étron au beau milieu de son couvre-lit.
A ce point d’absurdité, l’auteur rompt la trame du roman et embraie, à la troisième personne, sur deux autres personnages, un poète-boxeur disparu au Mexique en 1918, et Marcelo, professeur d’esthétique à Madrid et sur le point de se rendre dans ce pays pour y enquêter, un siècle plus tard, sur la disparition du premier. Lequel Marcelo atterrit ainsi à l’université de Los Girasoles, un narco-bled poussiéreux, où il devient l’amant d’Adela, la mère de Rodrigo. Celui-ci se trouve d’ailleurs aussi à Los Girasoles, après s’être plus ou moins enfui de la capitale et de son mariage pour tenter de retrouver son inertie tranquille. Mais il s’ennuie quand même et accepte de participer à des séances d’hypnose extravagantes avec Marcelo, deux autres types et surtout avec la belle Micaela, 18 ans. Et là, il découvre que peut-être l’amour pourrait donner un sens à sa vie.

Alors bon, si je me suis plutôt amusée dans la première partie du roman avec ce portrait de loser pathétique (mon côté sadico-voyeur), je suis restée hermétique au reste, qui m’a franchement barbée avec ses descriptions et réflexions verbeuses et prétentieuses qui ne mènent à rien. J’ai été contaminée par l’inertie du personnage principal, laissant mes yeux avancer sur les lignes et les pages, sans (chercher à) comprendre l’intérêt de ce qui s’y passait ou pas. Je suis arrivée péniblement au bout de cette histoire, qui se termine en queue de poisson et qui laisse une impression d’inaboutissement.

En partenariat avec les Editions Métailié.

Présentation par l’éditeur:

Rodrigo est un “jeune vieux” qui travaille dans un musée à Mexico comme “administrateur des connaissances” et passe son temps libre à épier une poule sur le terrain vague derrière son immeuble, à collectionner les sachets de thé, tout en échafaudant d’étranges théories statistiques sur les habitudes de ses contemporains.
Par passivité à la suite d’une mauvaise blague, Rodrigo se retrouve marié à une secrétaire médiocre et confronté à l’inanité de la vie conjugale.
Empêtré dans une aventure qui le dépasse, il finit par prendre le large et troquer la capitale contre une petite ville de province, Los Girasoles, où, sur les traces du poète-boxeur Arthur Cravan, il pratique l’hypnose en compagnie d’un universitaire espagnol pourvu d’un doctorat en esthétique et amant de sa mère, d’un gourou californien plus que louche et d’une jeune muse troublante, peut-être la seule à pouvoir le tirer d’une torpeur existentielle envahissante.
Dans ce premier roman féroce et cynique, un sympathique Bartleby mexicain découvre la pente glissante de l’inertie et ce qu’il en coûte de ne pas dire non. Une ode psychédélique au plaisir de ne jamais être à la hauteur. Et d’en rire.

Une citation:

– Je ne peux aspirer qu’à un seul type de communion avec les personnes: à travers les objets. Par exemple, en observant les sachets de thé que j’ai collectionnés pendant un temps, et qui me renvoient simultanément aux hommes qui les ont produits et aux hommes qui m’ont vu consommer ce produit. Je comprends alors que toute la société est une machine, parfaitement huilée par des relations de politesse, par des marchés boursiers, par des appareils électroménagers. Et je comprends que les hommes sont bons. 

Evaluation :

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