jeudi , 21 novembre 2024

Best love Rosie

Auteur: Nuala O’Faolain

Editeur: 10/18 – 2010 (445 pages)

Lu en 2013

best love rosieMon avis: Retour au bercail pour Rosie, la cinquantaine mal assumée, qui, après une carrière professionnelle qui l’a menée aux quatre coins du monde et après une vie sentimentale dans les bras de nombreux amants, décide qu’il est temps de rentrer à Kilbride (Dublin) pour s’occuper de sa tante Min. Celle-ci, 70 ans, semble glisser sur la pente d’une déprime alcoolisée.
Les retrouvailles ne sont pas exactement cordiales, Rosie s’attendant à être accueillie en sauveuse de l’humanité, alors que Min n’a jamais appris à montrer son affection, à supposer qu’elle en éprouve. Et puis, ces deux femmes évoluent sur des planètes complètement différentes : Rosie n’a cessé de bourlinguer, s’imagine connaître la « vraie » vie et se montre parfois condescendante ; Min n’a jamais quitté sa région et a sacrifié sa jeunesse et sa vie de femme à élever Rosie.
Le voyage à New York est le pivot du livre : Rosie s’y rend pour motifs professionnels, laissant Min dans une maison de repos. Celle-ci, refusant cette prison, débarque elle aussi en Amérique. Elle y découvre un autre monde, qui lui convient si bien qu’elle y restera le temps de son visa touristique, au grand dam de Rosie. Celle-ci, de retour en Irlande, entreprend de se réapproprier la maison de son grand-père, confisquée pendant 50 ans par le gouvernement.
Les semaines passent, Min ne rentre pas, et Rosie se vautre dans la mélancolie. Elle s’interroge sur le sens de sa vie, elle qui n’a pas voulu d’enfants et n’a jamais vraiment rencontré « l’Amour. »
Le dernier chapitre est intitulé « l’hiver », je laisse le soin à ceux/celles qui liront ce livre de découvrir s’il faut comprendre ce titre comme la dernière saison de la vie avant la mort, ou comme une période d’hibernation, de ressourcement et de recentrage sur soi avant une renaissance au printemps suivant…
Il m’a fallu environ 250 pages (sur 450) pour entrer dans cette histoire. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me suis vraiment intéressée au sort des personnages, à avoir envie de savoir s’ils trouveraient l’apaisement.
Sinon, il faut bien dire qu’à part les aventures de Min aux USA, il ne se passe pas grand-chose, et qu’on passe le temps à observer Rosie traîner son ennui et son spleen.
D’ailleurs, Rosie, parlons-en : je n’ai pas son âge, ni ses questionnements (et donc peut-être, « je ne peux pas comprendre », encore que pas besoin d’avoir 50 ans passés pour craindre la solitude), mais ce personnage m’a énervée plus d’une fois, dans le style « pauvre petite fille riche ». Dieu qu’elle est pénible à se lamenter sur son sort, alors qu’elle n’a que 55 ans, qu’elle est intelligente, belle et appréciée de ses amis. Mais non, elle croit sa vie finie, inutile, pleure sur ses rides et ses cheveux gris, ce qui ne l’empêche pas, paradoxalement, de rédiger un petit guide de développement personnel sur le « comment bien vieillir », et de faire étalage, gratuitement, de sa connaissance du moindre bled de ce vaste monde.
De manière générale, tout le roman crie, hurle, le besoin d’amour de la plupart des personnages. Ce qui m’a gênée dans cette atmosphère pessimiste, c’est que l’auteur insiste trop lourdement sur le fait d’une part que seul « l’Amour » (amour « amoureux », pas filial, maternel ou amical) rend la vie supportable et lui donne un sens, et d’autre part, que la vie s’arrête à 50 ans. Tout en laissant cependant la place à un peu d’espoir (ouf !), le personnage de Min en est la meilleure illustration.
Heureusement, il y a aussi de l’humour, principalement dans certains passages cocasses consacrés aux péripéties de Min.
Enfin, une chose m’a frappée, c’est le contraste entre l’état d’esprit américain (positif à l’excès) et l’irlandais (beaucoup plus négatif et réaliste).
Rien à redire quant à l’écriture, au style, à l’analyse très fine des sentiments, mais tout ça est trop sombre et désespérant pour moi. Je le relirai peut-être dans 20 ans…

Présentation par l’éditeur:

Après avoir vécu et travaillé loin de chez elle, Rosie décide qu’il est temps de rentrer à Dublin, pour s’occuper de Min, la vieille tante qui l’a élevée. Mais, « il faut du temps pour revenir quelque part… » et les retrouvailles tournent vite au vinaigre. Bientôt, Rosie voit se creuser le fossé qui la sépare de l’infatigable Min, galvanisée par sa découverte de l’Amérique. Et tandis que l’une se réveille de sa torpeur, l’autre se voit rattrapée par la mélancolie… Dans ce roman lumineux, Nuala O’Faolain met en scène une femme tourmentée et attachante, qui fait sienne toutes les interrogations de l’écrivain. Best Love Rosie est un grand livre sur l’âge, la solitude, l’exil, le sentiment maternel et les chimères de l’amour.

Une citation:

– « Je pense que l’humanité n’est rien d’autre – des hordes de gens qui font la queue avant de plonger dans la mort. Tout le reste, c’est du divertissement. Si on sait quoi faire pour se divertir, ce qui n’est pas mon cas en ce moment ».

Evaluation :

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