Auteur: Armistead Maupin
Editeur: 10/18 – 2001 (384 pages)
Lu en octobre 2017
Mon avis: Un p’tit coup de froid, un p’tit coup de blues, on passe à l’heure d’hiver, y a moins de lumière dans les chaumières, des citrouilles et des chrysanthèmes partout, ça y est, l’automne est là ? C’est donc le bon moment pour se replonger dans les inénarrables chroniques de San Francisco et y retrouver quelques couleurs.
Episode 5, nos amis s’installent dans la trentaine et dans une vie un peu plus rangée. Brian et Mary Ann habitent désormais un chic appartement dans une chic tour avec leur fillette adoptive. Mary Ann est devenue une vedette du petit écran et anime un talk-show quotidien. Accaparée par sa carrière, elle néglige un peu les siens, et n’aura d’ailleurs qu’un rôle mineur dans ce volume. Brian se (com)plaît dans son rôle de père au foyer, mais finit par se rendre compte qu’il a besoin de changer d’air. Ce qui tombe bien, puisque Michael part quelques jours au vert avec un potentiel futur prince charmant, et accepte d’emmener Brian qui, en réalité, est carrément déprimé. On est décidément fort peu à San Francisco dans cet épisode, puisque DeDe Halcyon, sa compagne et ses enfants s’en vont déconnecter de la ville pour camper au fond des bois à Wimminwood, un festival exclusivement réservé aux femmes. Au même moment, Booter, le beau-père de DeDe, s’offre une pause au Grove, un club masculin select pour WASP, situé au fond des mêmes bois, à quelques kilomètres de Wimminwood. Si on vous dit que le chalet de Michael et ses amis n’en est pas très loin non plus, et que dans les parages se trouve également Wren, célèbre mannequin « grandes tailles » et croqueuse d’hommes dont les charmes ont été « loués » par Booter, vous vous imaginez bien que ce petit monde va forcément se rencontrer à un moment donné, et déclencher une série de péripéties rocambolesques. Et Madame Madrigal, dans tout ça ? Elle cultive toujours discrètement son cannabis, prend le thé et le soleil sur sa terrasse, et projette de s’enchaîner à l’escalier en bois de la rue, la mairie de la Ville ayant décidé de remplacer les marches branlantes par du béton. Mary Ann pourrait peut-être en parler dans son émission ?
Années 80, le sida, Reagan, l’époque n’est plus à la libération des moeurs et à la jouissance débridée de la décennie précédente. L’innocence est perdue, les gays (et les autres) sont devenus prudents, voire paranos, le virus fait des ravages. Malgré (ou à cause) de la morosité ambiante, chacun cherche, non pas son chat (Boris va bien, merci pour lui), mais le bonheur, la sécurité affective, l’amour si possible. Qu’on se rassure, ce n’est pas parce que les temps changent que les Chroniques perdent ce qui a fait leur charme : dialogues incisifs, courts chapitres, humour vache jamais méchant, chassé-croisé de personnages, récit dynamique, tendresse et rebondissements improbables, ces ingrédients restent à portée de lecture même s’ils se combinent avec un certain repli sur soi et une sorte de « retour à la nature ». La bonne nouvelle, c’est qu’il y en a encore. La suite au prochain épisode.
Présentation par l’éditeur:
Les années 80 embarquent la joyeuse famille de Barbary Lane dans leur fièvre bariolée, où cohabitent conservatisme reaganien et festival lesbien. Tandis que Mary Ann poursuit son rêve de gloire, la cosmique Mme Madrigal mène une résistance farouche contre la municipalité. Mais l’arrivée d’un nouveau pensionnaire risque fort d’en troubler plus d’un…