Auteure: Rosa de Viña
Editeur: La Reine Blanche – 1er juin 2025 (44 pages)
Lu en octobre 2025
Mon avis: Un très court texte, dans lequel une vielle femme monologue, remâche, radote, parle pour ne rien dire, expliquant qu’elle a quelque chose d’important à raconter sans jamais arriver à le raconter réellement, juste quelques bribes éparses qui permettent de comprendre qu’elle a vécu la guerre civile espagnole, a connu la période franquiste, et qu’après des grossesses et des deuils, elle est à la tête d’une famille nombreuse qui n’écoute pas ce qu’elle a à dire.
Vu la logorrhée sans fin et inconséquente qu’elle inflige à ses enfants et petits-enfants, on peut les comprendre.
Et pourtant… N’aurait-elle pas réellement quelque chose d’important à livrer, à libérer du silence, si seulement on se donnait la peine de l’écouter ou, en l’occurrence, de la lire, de la lire vraiment, jusqu’au bout, avec patience, dans le respect et la bienveillance, avec l’humanité que toute personne (âgée ou non, homme ou femme, mais encore plus si elle est vieille et femme) mérite ? Tente-t-elle d’attirer l’attention en racontant ses souvenirs, inventés ou pas, et en interpellant le lecteur (en le manipulant, ou pas) à coups d’humour noir et d’exagérations ?
Je ne sais pas si ce texte est seulement un exercice de style, s’il cache ou non un message. Mais l’auteure donne quelques indices : le texte est dédié « à toutes les femmes sans voix », et s’intitule « Libération ». Et sa narratrice s’y entend pour capter l’attention du lecteur, poussé à continuer la lecture dans l’espoir d’enfin comprendre si tout cela mène quelque part, ou pas.
Est-ce un texte sur la condition et la parole bridée de la femme, sur la vieillesse, l’oubli, la transmission, les souvenirs ?
Un texte qui pousse à nous interroger sur la façon dont nous écoutons/lisons les mots d’autrui, à nous demander si nous y mettons suffisamment de profondeur, d’attention, d’empathie.
A moins qu’il s’agisse de tout autre chose.
En partenariat avec les Editions de la Reine Blanche via une opération Masse Critique de Babelio.
Présentation par l’éditeur:
Voici une nouvelle surprenante, chargée d’humour noir et de démesure, récit d’une vieille dame frappée de ce qu’elle appelle « le syndrome du narrateur », et qui n’hésite pas à truffer sa logorrhée de notes dans lesquelles elle interpelle le lecteur. La vieille dame raconte, amplifie ses souvenirs (ou pas), les améliore (ou pas), manipule le lecteur (ou pas).

