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GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique

Auteur: Ondjaki

Éditeur: Métailié – 21 janvier 2021 (192 pages)

Lu en janvier 2021

Mon avis: Dans les années 80, l’Angola est un Etat à l’indépendance toute nouvelle toute belle. Enfin, si on veut. Agostinho Neto, le premier Président de son histoire, a instauré, dès 1975, une dictature d’inspiration marxiste-léniniste, consolidant ainsi les liens avec ses alliés soviétique et cubain.
C’est dans ce contexte que s’ouvre le roman et qu’on fait connaissance avec les habitants de PraiaDoBispo, un quartier pauvre en bordure d’une plage de la banlieue de Luanda, la capitale. C’est à cet endroit que se dressera bientôt le mausolée du susdit Agostinho Neto, mort en 1979. Construit par les Soviétiques, le tombeau est tellement monumental que les maisons du quartier sont menacées de destruction. La résistance va s’organiser en secret, menée par deux gamins qui n’imaginent pas qu’on les déplace, eux, GrandMèreDixNeuf, EcumeDeMer, TroisQuatorze, VendeurD’Essence, VieuxPêcheur et les autres, dans un nouveau quartier sans âme loin de l’océan.
L’histoire est racontée par l’un des petits-fils de GrandMèreDixNeuf (ainsi surnommée parce que amputée d’un orteil), sorte de mamy nourricière de tous les garnements des environs. En plus de la conspiration anti-mausolée, le gamin nous présente les habitants du quartier, vivant au rythme de la chaleur implacable et des coupures de courant, entre les chapardages des enfants et les moqueries plus ou moins bienveillantes à l’égard des officiers soviétiques suant dans leurs uniformes plus adaptés à la Sibérie qu’aux tropiques.
Plus de cinq ans après avoir lu « Les Transparents« , j’étais impatiente de découvrir un autre roman d’Ondjaki.
Racontée cette fois à hauteur d’enfant (exercice périlleux mais qu’il réussit à merveille), cette histoire-ci est plus légère, moins dramatique, et elle en perd peut-être en puissance. Mais on y retrouve le style poétique et chatoyant d’Ondjaki, son goût pour les surnoms et les couleurs, son humour et son ironie, avec en bonus le charme de la naïveté et de l’obstination de l’enfance. A travers le portrait de ces personnages attachants et excentriques, c’est aussi l’histoire récente de l’Angola qui nous est racontée entre les lignes de l’horizon. Un roman tendre, drôle et chaleureux, ça fait du bien par ce temps glacial.

En partenariat avec les Editions Métailié via Netgalley.
#GrandMèreDixNeufetlesecretduSoviétique #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Dans une banlieue de Luanda près d’une petite plage, GrandMèreDixNeuf (on l’a amputée d’un orteil) s’occupe de toute une bande de gamins, curieux et débrouillards, amateurs de baignades et de fruits chapardés. Des coopérants soviétiques construisent un Mausolée gigantesque pour la momie de Agostinho Neto, le père de la Révolution. La guerre civile est terminée, ils vont moderniser le quartier si bien situé au bord de la mer. L’un des officiers est ami de la GrandMère, sa maison a toujours de l’électricité grâce à la dérivation qu’il lui a installée. Il souffre de cette chaleur, de ce soleil impitoyable, il rêve des hivers russes.
Les enfants ne veulent pas qu’on touche à leur quartier, ils prennent les choses en main pour pouvoir continuer à plonger dans la mer pour pousser des “cris bleu”.

Un roman au charme plein d’humour, une Guerre des boutons tropicale, et une traversée de l’histoire de l’Angola, quelques fantômes discrets. Le tout servi par une écriture élégante, poétique et ironique. Un régal de lecture.

Evaluation :

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