Auteur: Alejandro Palomas
Editeur: Le Cherche Midi – 2018 (352 pages)
Lu en avril 2018
Mon avis: Vous avez aimé « Une mère », le premier roman publié chez nous d’Alejandro Palomas ? Vous avez adoré Amalia, personnage aussi principal que fantaisiste ? Eh bien vous allez… comment dire… Bon, euh, en fait je ne sais pas ce que vous en penserez, mais en tout cas moi, j’ai été un peu déçue.
Il ne se passe pas grand-chose dans ce deuxième volume consacré à Amalia et sa tribu. C’est toujours Fer (pour Fernando) qui en est le narrateur. On le découvre, attablé dans un café, et très inquiet. Par hasard (ou pas), il est rejoint par sa mère, Amalia, et Shirley, sa petite chienne lointaine cousine des Gremlins, puis plus tard, sans hasard, par ses deux soeurs Silvia et Emma. Le seul point à l’ordre du jour de cette réunion presque improvisée : mais qu’est-il donc arrivé à R, le chien de Fer ? En fait, la réponse tient en quelques lignes, et le reste du roman tourne autour des gaffes et des comportements toujours aussi puérils et excentriques d’Amalia, des réactions exaspérées de Silvia et des efforts d’Emma et de Fer pour contenir leurs propres réactions. On retrouve les personnages avec leurs blessures non cicatrisées, leurs deuils inachevés, leurs manques abyssaux et leur peur de l’avenir et de la vie, auxquels s’ajoute la détresse de Fer. Si le monologue intérieur de celui-ci pendant qu’il observe les interactions de son entourage nous en apprend un peu plus sur les souffrances passées de chacun, tout cela est au final assez répétitif. C’est bien écrit, très fluide, on se laisse entraîner sans difficulté dans le cheminement des pensées de Fer. C’est parfois très drôle mais trop souvent la tristesse tourne en boucle et pèse sur l’ensemble, malgré la lueur d’espoir finale. Le côté jubilatoire du roman (ou son effet surprise) n’y est plus. L’analyse psychologique des protagonistes est certes très fine, mais l’ensemble est excessivement (et paradoxalement) cérébral et sentimental.
Cette fois-ci, les frasques de la mère et les attitudes des enfants m’ont plus agacée ou accablée que touchée. Je devrais peut-être m’acheter un chien…
En partenariat avec les éditions du Cherche Midi via Netgalley.
Présentation par l’éditeur:
Réunion de famille impromptue dans un café. Fernando, sa mère, Amalia, ses deux sœurs, Emma et Silvia.
Tous espèrent un coup de téléphone qui tarde à arriver.
L’attente, fébrile, est ponctuée de scènes savoureuses, de quiproquos et de malentendus. Les vérités cachées ou à demi dites s’égrènent sans fin.
Et on rit aux larmes de cette comédie familiale plus profonde qu’il n’y paraît.
Quelques citations:
– Plus nous aimons, plus nous avons du mal à pardonner, parce que la peur de la souffrance répétée est également plus grande, et parce que, quand quelqu’un que nous aimons beaucoup nous déçoit, la vie s’effondre d’un coup; l’enfant au fond de nous se retrouve dans toute sa nudité et tout fait plus mal.
– Je m’épuise parce que j’ai quarante-quatre ans et que je n’ai aucune envie d’être la mère d’une gamine de soixante-dix ans. Ce que je veux, c’est avoir une mère, moi. […] Moi aussi, je voudrais bien qu’on prenne soin de moi. Que ma mère s’inquiète de moi.