Auteur: Eric Plamondon
Éditeur: Quidam – 2019 (150 pages)
Lu en novembre 2020
Mon avis: En mai 2018, l’ETA, organisation séparatiste basque, annonce sa dissolution et la fin de la lutte armée. Pour Oyana, la nouvelle n’est pas forcément bonne. En tout cas, elle fait remonter d’un coup tout son passé à la surface. Car la vie d’Oyana semble indéfectiblement liée à l’ETA. La jeune femme est née le 20 décembre 1973, le jour où un attentat fracassant envoyait dans les nuages le Premier ministre de Franco, Luis Carrero Blanco. Un attentat dans lequel était impliqué le père d’Oyana. Mais celle-ci grandit insouciante, sans se préoccuper d’engagement politique ou de lutte nationaliste, jusqu’au jour où, à peine adulte, elle se trouve elle-même impliquée, bien malgré elle, dans un autre attentat, qui tua une mère et son jeune enfant. Sommée par l’organisation de disparaître, elle s’exile au Mexique, sous une fausse identité et un faux passé. C’est là qu’elle rencontre Xavier, un Québécois qui l’emmène dans sa Belle Province.
Mais ce soir de 2018, le sentiment de culpabilité d’Oyana resurgit, et avec lui tous les mensonges et les non-dits enfouis depuis 23 ans qu’elle vit avec Xavier à Montréal. Débordée par ses émotions, elle sent qu’elle doit prendre le large, retourner en France. Elle entreprend alors d’écrire une lettre de rupture à son compagnon, dans laquelle elle tente de s’expliquer sur son silence, son passé trop lourd, sa fuite.
« Oyana » adopte donc la forme épistolaire, mais pas uniquement, puisque le roman est entrecoupé de chapitres plus documentaires sur l’histoire de l’ETA. Avec simplicité, il pose des questions insolubles sur la culpabilité, l’engagement, la lâcheté, le hasard qui fait mal les choses, la légitimité de la violence née de l’injustice, le terrorisme séparatiste contre le terrorisme d’Etat, la lutte armée dans laquelle, à la fin, il n’y a que des victimes, des deux côtés.
Des thèmes très intéressants, mais le roman ne m’a pas convaincue pour autant. Je n’ai ressenti que peu d’empathie pour Oyana, et le virage pris vers le thriller dans les derniers chapitres ne m’a pas paru très vraisemblable. Et j’ai eu la drôle d’impression que l’auteur réadaptait à la sauce basque la formule qui avait si bien fonctionné avec « Taqawan » : avec le même type de construction éclatée, on remplace les saumons par les baleines, en y incrustant, non plus des informations et légendes sur le saumon, mais des passages historiques sur l’installation de pêcheurs basques au Québec quelques siècles plus tôt, ce qui permet de tracer un parallèle entre ces deux peuples frères en volonté indépendantiste, en y mêlant un épisode contemporain dramatique.
Intéressant et bien amené, donc, mais pour moi moins prenant et surprenant que « Taqawan ».
Présentation par l’éditeur:
« S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie. »
Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.