Auteur: John Irving
Editeur: Points – 2012 (679 pages)
Lu en juillet 2015
Mon avis: La dernière nuit à Twisted River, c’est celle d’un accident mortel absurde, à coup de poêle à frire, généré par une légende familiale dans laquelle un ours tient le rôle principal.
Les événements de cette fameuse nuit marquent le début d’une cavale pour Dominic Baciagalupo, cuistot au campement de Twisted River, persuadé que le shérif local ne gobera pas cette histoire d’ « accident ». La cavale en question est loin d’être banale, puisqu’elle durera 50 ans (même si aucun des protagonistes ne s’en doute à ce moment-là), et que Dominic embarque avec lui son fils Daniel, 12 ans. Des forêts du New Hampshire à Boston puis Toronto en passant par Iowa City et quelques coins reculés de Nouvelle-Angleterre, Dominic continuera à exercer ses talents de cuisinier, tandis que son fils deviendra un écrivain de renommée mondiale, tous deux toujours sous pseudonyme puisque toujours sous la menace de « retrouvailles » avec le constable de Twisted River.
Il ne se passe pas grand-chose tout au long de ces 700 pages, la vie des deux hommes s’écoule lentement, déchirée par quelques drames personnels, ressassés à l’envi. Il y a bien sûr le suspense de savoir si le jeu de chat et de souris entre ennemis jurés prendra fin un jour, et de quelle manière, mais au vu du ton général du roman, mélancolique, on n’imagine pas un happy end en Technicolor.
J’ai trouvé ce roman lourd, pesant, au point d’être soulagée de le terminer pour pouvoir passer à autre chose. J’ai plus d’une fois bâillé d’ennui, mais je me suis forcée à le lire jusqu’au bout. Bah oui, c’est John Irving, quand même, donc c’est forcément un bon bouquin, ou alors c’est moi qui n’ai pas tout compris. Et conclusion : je n’ai rien dû comprendre, parce que j’ai eu beau chercher, je n’ai rien trouvé d’exceptionnel, de remarquable, ni même d’original dans ce pavé.
Après un début laborieux, où la terminologie liée au flottage du bois sur rivière et aux bûcherons draveurs, et où la description des méandres de la Twisted m’ont laissée de marbre, pour ne pas dire assommée, la suite ne s’est guère révélée plus emballante, avec ses allers-retours incessants entre passé et présent, à en perdre le fil du récit, et ses effets d’annonce surabondants. Un peu plus de linéarité et de sobriété n’auraient pas nui à la lisibilité du roman. Les thèmes abordés ne sont pas non plus surprenants, puisqu’on les retrouve à travers toute l’oeuvre d’Irving : le New Hampshire, les ours, la lutte, la peur de perdre un enfant, le parent absent, les femmes, l’amour. Et aussi (surtout) le travail de l’écrivain, très prégnant ici. On assiste en effet à la mise en abyme d’un écrivain (Irving) qui décrit un écrivain (Daniel) et le travail de celui-ci, ainsi que le contenu de ses romans, lesquels sont fortement autobiographiques. Ce qui pourrait être original (quoi que…), mais qui au final est plutôt lassant parce qu’on a l’impression de lire deux fois la même histoire (qui n’est pas transcendante selon moi, cf ci-dessus) : celle de Daniel racontée par Irving, et celle du héros de Daniel racontée par Daniel… de là à accuser Irving de remplissage, il y a un pas que je ne franchirai pas, mais j’avoue avoir trouvé le temps bien long. Un point positif tout de même : si les personnages principaux, Daniel et son père, ne provoquent que peu d’empathie, il en va autrement de deux personnages secondaires, Ketchum et Pack-de-Six, hauts en couleurs et réellement attachants. Mais c’est un peu court pour un tel roman-fleuve.
Présentation par l’éditeur:
A Twisted River circulent des histoires… Celles que les bûcherons racontent dans la chaleur du camp, peuplées d’ours et de sensuelles Indiennes. Et celles qu’ils taisent, comme cette nuit glacée qui a vu la fuite de Dominic et de son fils, après le meurtre accidentel de la maîtresse du shérif. En cavale à travers l’Amérique, ils tentent de semer leur passé. Mais peut-on oublier Twisted River ?