jeudi , 25 juillet 2024

N’oublier jamais

Auteur: Michel Bussi

Editeur: Presses de la Cité – 2014 (500 pages)

Lu en 2014

n'oublier jamaisMon avis: Jamal Salaoui, jeune athlète unijambiste, est en vacances sur la côte normande. Les falaises des environs d’Etretat lui servent de terrain d’entraînement : il rêve de participer à l’ultra-trail du Mont-Blanc. Mais c’est un autre parcours du combattant qui commence pour lui ce matin-là. Pendant son jogging, il tente d’empêcher une belle et mystérieuse jeune femme à la robe déchirée de se jeter du haut de la falaise. Il essaie de la retenir en lui tendant une non moins belle et mystérieuse écharpe rouge d’une marque coûteuse (déjà ça m’énerve quand les auteurs se vautrent dans le placement de produits), trouvée par hasard sur le chemin. En vain. Elle saute. Suicide, pense Jamal. Sauf que l’autopsie conclut à un viol suivi d’une mort par étranglement. Et que cette affaire en rappelle une autre, survenue dans la région 10 ans plus tôt, toujours pas résolue. Et que Jamal, « Arabe. Infirme. Bosse chez les fous…Un profil idéal de violeur », est le suspect parfait.
Oui mais… Jamal, narrateur, nous a dit dès le début que tout finirait bien. Et qu’il est un gentil, et que la fille s’était suicidée sous ses yeux. Alors quoi ? Jamal a-t-il halluciné ? Est-il fou ? manipulé ? manipulateur ?
Commence alors une intrigue complexe, dans laquelle les coïncidences sont tellement vertigineuses que ça en devient invraisemblable, sauf que c’est à ce moment-là qu’est amorcée la résolution de l’énigme. Mais que ce sera un trompe-l’oeil supplémentaire. Méfiez-vous, les cinglés sont parmi nous.
La construction, habile, fait comprendre très vite que l’histoire se poursuivra au-delà de la fin annoncée dès le début par le narrateur. Elément non négligeable, on n’a pas affaire pour une fois à un polar sanguinolent qui ferait dans la surenchère niveau descriptions trash. Rien d’insupportable ici pour les âmes sensibles. C’en est presque reposant.
Tous les ingrédients sont réunis pour faire de ce roman un best-seller : machinations, mystifications, crimes sexuels non élucidés qui refont surface, bouc émissaire, vengeance, énigmes et belles jeunes femmes dans un cadre quasi-mythique (demandez à Arsène Lupin). Le style contribue aussi à en faire un page-turner : fluide, facile, sans grande originalité voire plat, avec une manie des phrases courtes renvoyées à la ligne pour donner du rythme, des points d’exclamation superflus ou naïfs, et un tic d’écriture horripilant : beaucoup de choses « explosent » chez Bussi : le jappement du chien, la sonnerie du téléphone, les voix, le bip strident, la porte, même le consensus, au point qu’on est content quand tout à coup un marteau S’ECRASE.
Personnages stéréotypés, sans profondeur, épilogue dégoulinant de guimauve, c’est distrayant, mais question écriture et analyse psychologique, on est plus près de Lévy ou Musso (rien que le titre…) que de Mankell ou Indridason. Ce qui, de ma part, n’est pas un compliment.
Merci aux éditions des Presses de la Cité pour cette découverte.

Présentation par l’éditeur:

« Vous croisez au bord d’une falaise une jolie fille ? Ne lui tendez pas la main ! On pourrait croire que vous l’avez poussée. »

Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s’entraîner sur la plus haute falaise d’Europe, il a d’abord remarqué l’écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l’écharpe comme on lance une bouée.

Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l’inconnue. A son cou, l’écharpe rouge. C’est la version de Jamal. Le croyez-vous ?

Une citation:

– « Ramasser des coquillages. C’est interdit! Il y a un panneau, affiché au poste de secours, et pourtant tout le monde le fait… Les flics ne disent rien. Ca me dépasse…(…) Soit il y a un danger et on fait respecter la loi, soit il n’y en a pas et on laisse ces braves gens ramasser leurs moules… Mais interdire en tolérant, il n’y a rien de plus hypocrite, vous ne trouvez pas?« 

Evaluation :

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