Auteur: Jacques Expert
Editeur: Le Livre de Poche – 2017 (352 pages)
Lu en décembre 2017
Mon avis: Non mais, sérieux, de qui se moque-t-on ?
Pas que j’attendais de la grande littérature de ce bouquin, mais au minimum une intrigue solide et bien ficelée (comme le rôti du dimanche de chez belle-maman), de quoi passer quelques heures de détente sans trop se prendre la tête.
Et elle commençait pourtant bien, cette promesse d’un sombre thriller psychologique avec personnages tordus et rebondissements qu’on ne voit pas arriver. Le pitch : Hortense, fillette de deux ans, est brutalement enlevée à sa mère, Sophie, qui l’élève seule, son compagnon l’ayant abandonnée avant la naissance de la petite. Le coupable ? Sylvain, père d’Hortense et pervers narcissique, qui aussitôt se volatilise avec elle. S’ensuivent des années de recherche aussi acharnée que vaine, jusqu’au jour où Sophie, à bout, lâche prise et se contente désormais de survivre, solitaire, dans un train-train quotidien sans but. 22 ans après l’enlèvement, elle est bousculée dans la rue par une jeune femme. Persuadée qu’il s’agit d’Hortense, elle entre en contact avec elle, sans lui dire qui elle est. C’est ainsi que s’instaure peu à peu une relation trouble entre les deux femmes, jusqu’au drame final.
Alors oui, les personnages sont caricaturaux, mais on se dit qu’ils sont tous plus ou moins névrosés ou carrément dingues, et que c’est donc normal de ne pas faire dans la demi-mesure question stéréotypes.
Oui, le style est plat, mais on se dit que l’auteur ne postule pas à l’Académie française.
Oui, il y a des grosses ficelles, des indices qui égarent le lecteur, des trucs qui clochent, des incohérences, mais on se dit que ce n’est qu’apparent et que tout va s’expliquer à la fin.
Et puis arrive la fin.
Et là, c’est la catastrophe, Waterloo et la Bérézina en même temps. Parce que ce coup de théâtre final anéantit les 345 pages qui précèdent. Sans cette fin, l’intrigue tenait à peu près la route et la promesse susmentionnée, mais là, on se repasse l’histoire depuis le début, pour se rendre compte que ce dénouement-là laisse beaucoup trop de questions sans réponse, est incohérent, incompatible voire impossible. Il paraît que l’auteur ne savait pas comment terminer son histoire et n’a eu cette idée que peu avant de l’achever. Et quoi ? Il n’aurait pas pu se relire ensuite pour corriger les incongruités ? Et l’éditeur, il a signé en blanc ? Avec cette fin lamentable, l’auteur et/ou l’éditeur ont choisi la facilité, la fainéantise, même, ou alors ils ont fait le pari que les lecteurs ne réfléchiraient pas ou ne se poseraient pas de questions. Et le respect de l’intelligence du lecteur, dans tout ça ? Indigne, pour ne pas dire insultant.
Présentation par l’éditeur:
1993 : Sophie Delalande est folle d’amour pour sa fille, Hortense, presque trois ans, qu’elle élève seule. Son ex-compagnon est un homme violent, auquel elle refuse le droit de visite. Un jour, il fait irruption chez elle et lui enlève Hortense.
2015 : Sophie mène une vie morne, solitaire. Un dimanche pluvieux, elle se fait bousculer par une jeune femme dans la rue. Persuadée qu’il s’agit d’Hortense, elle la suit. Sans rien lui dévoiler, elle sympathise avec elle. La relation qui se noue alors est pleine de mystères. Sophie ne serait-elle pas la proie d’un délire psychotique qui lui fait prendre cette inconnue pour sa fille ? Et cette jeune femme est-elle aussi innocente qu’elle le paraît ?
Une intrigue fascinante et haletante, inspirée d’un fait divers.
Je résume, Expert n’en est pas un en matière de thriller et d’imagination !
Je n’ai pas lu ses autres romans, mais là ça ressemble à de l’expertise en tromperie intellectuelle!