mardi , 8 octobre 2024

Remonter la Marne

Auteur: Jean-Paul Kauffmann

Editeur: Le Livre de Poche – 2014 (320 pages)

Lu en juin 2015

remonter la marneMon avis: Pour la grande marcheuse que je suis, c’est un titre accrocheur, et un projet fort intéressant que celui de remonter, à pied, le cours d’une rivière (la plus longue de France en l’occurrence) depuis son point de confluence avec la Seine, jusqu’à sa source. Voilà qui promet des heures de déambulation placide, sans planifier outre mesure étapes et pauses, qui surviendront au gré des intempéries, des curiosités locales et des rencontres, plus ou moins prévues. Un sac à dos et de bonnes chaussures, peu s’en faut pour répondre à l’appel de la liberté. Alors, sans trop de préparation, on se met en route, pressé d’abord de quitter la ville et ses faubourgs disgracieux, où l’on bride à coup de béton et de bitume la moindre velléité expansionniste de la nature. Longer un cours d’eau est souvent un défi impossible, le chemin de halage n’est pas continu, parfois privatisé quand il n’a pas simplement disparu. Alors il faut s’écarter de la Marne, faire quelques détours pour la retrouver plus loin. On marche sur les traces de Jules Blain, pèlerin de la première guerre mondiale, de la Fontaine et Bossuet, de Louis XVI vers Varennes et retour. On visite les monuments historiques, les vignobles champenois, on rencontre des amis habitant les lieux et des inconnus, on réalise que cette France rurale se vide de sa population, et que n’y restent, volontairement, que des « conjurateurs », qui résistent au désenchantement ambiant de l’époque (2012) avec un optimisme un brin décalé.
Après un début prometteur, je me suis cependant lassée de ce périple littéraire. Un peu comme l’auteur, me semble-t-il, qui après 2-3 semaines de marche se languit des beaux jours de l’été finissant, et bâcle la fin du voyage, comme la fin du livre. Au final, je n’ai pas tellement apprécié ce récit, vaguement ennuyeux, dont l’intérêt n’est plus aussi évident quand on ne tombe pas sous le charme de la Marne. J’en reste perplexe : l’auteur a une belle plume classique, peut-être trop belle, dans la mesure où il se sent obligé de nous faire ouvrir le dictionnaire toutes les 3 pages, et de faire montre de sa culture omnisciente au lecteur lambda. Il appuie, trop lourdement à mon goût, sur le contraste citadin/rural, lui l’intellectuel parisien de haut vol rencontrant un échantillon de Français « moyens » (exception faite de quelques amis, qui photographe, qui artiste plasticienne ou journaliste, plus ou moins exilés de la capitale). Quelle découverte, quel étonnement de se voir parfois accueilli avec méfiance par des gens qui flairent le voyeurisme à 2 kilomètres à la ronde !
Parcours initiatique, remontée du temps qui fuit, retrait temporaire de la vie trépidante pour « faire le point », rencontrer de « vraies » gens avec une vie banale, et en profiter pour en tirer un sujet de livre, je ne sais pas quel était l’objectif de cette randonnée. Mais je reste sur l’impression d’un voyageur en mal d’authenticité, d’ « exotisme », un peu condescendant et prétentieux. Mais c’est peut-être ce que nous sommes tous quand nous partons en voyage…

Présentation par l’éditeur: 

Remonter à pied la Marne, depuis sa confluence avec la Seine jusqu’à la source, a été pour Jean-Paul Kauffmann une odyssée à travers les paysages d’une France inconnue. L’aventureuse histoire de notre pays lui est apparue à la lumière du présent. Il y a découvert la France des « conjurateurs », ces indociles qui résistent à la maussaderie et chassent les esprits maléfiques d’aujourd’hui. Remonter la Marne, ce n’est pas revenir en arrière et pleurer le passé, mais plutôt se perdre pour mieux renaître. La marche a permis d’entretenir ce rapport profond au temps, au silence, aux rencontres.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Peut-être avait-il besoin de se plonger dans cette France des bords de Marne pour se retrouver lui ? On sait qu’il fut un otage pendant près de trois ans, même quelques années après peut-être a-t’il encore besoin de chercher un ailleurs pour oublier le présent ?