jeudi , 18 avril 2024

Sans oublier

Auteur: Ariane Bois

Editeur: Belfond – 2014 (252 pages)

Lu en février 2014

sans oublierMon avis: Une vie parfaite.
C’est ce qu’on se dit après quelques pages : la narratrice est une belle jeune femme à qui tout sourit : un mari idéal, deux jeunes enfants adorables, un boulot sympa dans la pub, un compte en banque bien fourni, un foyer confortable dans un coin tranquille de Paris.
Tout ceci vole brutalement en éclats le jour où la mère de notre héroïne est tuée dans un accident d’hélicoptère alors qu’elle était en grand reportage quelque part au-dessus du détroit de Béring. Cette circonstance ajoute encore au drame en raison de la distance, des tracas administratifs pour le rapatriement du corps et de l’impossibilité de se recueillir sur la dépouille.
Et donc l’univers parfait de la narratrice s’écroule. Malgré le soutien stoïque de son mari, elle s’enfonce chaque jour davantage dans la dépression. Même l’instinct maternel censé la maintenir debout pour qu’elle puisse s’occuper de ses propres enfants lui fait faux bond, étouffé sous une chape de détresse sans nom. Elle coule, elle se noie, elle lâche, elle renonce. Un dernier sursaut de lucidité lui fait comprendre qu’elle doit partir avant de provoquer une catastrophe.
Alors elle fuit. Elle atterrit par hasard dans un endroit perdu, qui se révélera à la fois point d’arrivée où l’une des boucles de l’histoire familiale se fermera enfin, et nouveau point de départ.
Difficile d’en dire plus sans déflorer l’histoire.
Le récit de cette descente aux enfers est émaillé de flashbacks, par lesquels on comprend vite que la vie parfaite qu’on imaginait au début dissimulait bien des douleurs : suicide du frère cadet, mère fantasque, belle-mère harpie, baby blues,… Les phases de la dépression sont très bien décrites, au point qu’on se dit qu’on espère que ça ne nous arrivera jamais tellement cela semble insurmontable.
L’écriture est fluide et agréable, même captivante. L’auteur a suffisamment de talent pour nous obliger à continuer la lecture, à nous donner envie de savoir si et comment elle va s’en sortir.
L’histoire n’évite malheureusement pas certains écueils : personnages stéréotypés (parents gauchistes bobo avant l’heure, beaux-parents bourgeois coincés), cliché éculé du contraste entre citadins et « gens de la terre » (ces derniers vivant une « vraie » vie avec des sentiments « vrais »), et surtout grosse ficelle du secret de famille découvert par une invraisemblable coïncidence, et qui tombe à point nommé pour relancer une histoire où on commençait à s’agacer de cette narratrice nombriliste. D’autres plus indulgents qualifieront cela de rebondissement imprévisible, moi j’ai trouvé ce télescopage incongru.
Lecture distrayante donc, mais qui n’a pas déclenché chez moi beaucoup d’affinités, et qui sera sans doute assez vite…oubliée.
Merci à Babelio et aux éditions Belfond pour cette découverte.

Présentation par l’éditeur: 

A la mort de sa mère dans un accident d’hélicoptère, une jeune femme voit sa vie exploser.
Tout se délite et s’obscurcit dans le ciel de sa mémoire. l’onde de choc atteint ses enfants et son mari.
Pour enrayer cette chute libre, il lui faut partir, tenter de se retrouver, de sauver les siens.

Récit d’un crash intime, découverte d’un secret courant sur plusieurs générations, « Sans oublier » raconte comment, pour devenir mère, il faut peut-être cesser d’être une fille.
Une écriture intense qui réconcilie de façon saisissante la noirceur du deuil et un formidable appétit de vivre.

Evaluation :

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6 commentaires

  1. C’est dommage, ça commençait à m’intriguer. Mais moi non plus, je n’aime pas les coïncidences qui tombent pile poil au bon moment. Ça a plutôt tendance à m’agacer.

  2. Waouh ! Mais quelle avalanche de billets ! J’ai honte, moi qui n’ai rien publié depuis un moment ! 😉