mardi , 10 décembre 2024

Les noces barbares

Auteur: Yann Queffélec

Editeur: Folio – 1987 (343 pages)

Prix Goncourt 1985

Lu en avril 2020

Mon avis: Voici une relation mère-fils à l’extrême opposé de celle de « La promesse de l’aube« , que je viens de lire.
Ludo est le fils de Nicole, le fruit du viol collectif de celle-ci alors qu’elle n’avait pas 15 ans. Non désiré, rejeté par sa mère mais aussi par ses grands-parents, le garçon est livré à lui-même depuis le plus jeune âge, enfermé dans un grenier comme un animal. Enfant sauvage, on ne lui a inculqué aucune notion d’hygiène, aucune bonne manière, aucun code social. Mais on lui reproche d’être sale et répugnant, mal élevé, bête, de ne jamais dire « maman », lui qui sait à peine parler et ignore ce que sont la tendresse et l’affection.
Alors que le gamin a cinq ou six ans, Nicole se marie avec Micho, un brave type, qui se prend d’affection pour Ludo, mais cela ne suffira pas. Nicole, hantée par ses fantômes qu’elle retrouve dans le regard de son fils, le fait placer dans une institution pour débiles légers. Mais les choses ne s’arrangent pas davantage, et Ludo, qui veut retrouver sa mère, adorée en dépit de tout (mais qu’a-t-il compris de l’amour, cet enfant ?), s’échappe. Et tout cela finira mal.
C’est peut-être un mauvais timing de lecture*, mais je n’ai pas aimé lire cette histoire. J’aime le noir, mais là c’est trop. Sombre, glauque, malsain, j’ai eu l’impression que l’auteur se complaisait à saturer le lecteur de détails sordides, à mettre en scène des personnages odieux et détestables. Je peux comprendre qu’une mère rejette son fils après le traumatisme d’un viol, mais les grands-parents ? J’ai peine à croire que la peur du qu’en dira-t-on rende les gens aussi stupides, cruels, inhumains. Et que dire de la directrice de l’institution, vieille fille frustrée et d’une perversité sans nom. Il y a bien quelques bribes de bienveillance chez Micho et d’autres personnages secondaires, mais elle est vaine, maladroite, niaise, tellement inutile qu’on finit par penser que personne ne se préoccupe réellement de Ludo. Paroles, paroles… Pas davantage de chaleur dans l’écriture, froide, sans pathos, clinique. C’est peut-être bien écrit (Goncourt 1985, si cela a une signification) mais cela se traîne en longueur et cela ne suffit pas à rattraper tant de noirceur et de désespérance.

*Mais quel est donc l’impact du confinement sur la sensibilité d’un lecteur ?

Présentation par l’éditeur:

Fruit d’une alliance barbare et d’un grand amour déçu, Ludovic, enfant haï par sa trop jeune mère – Nicole – et ses grands-parents, vit ses premières années caché dans un grenier.

La situation ne s’arrange guère après le mariage de Nicole avec Micho, brave et riche mécanicien qui cherche à protéger Ludovic. Hantée par ses amours brisées, sombrant dans l’alcoolisme et méprisant son mari, la jeune femme fait enfermer son fils dans une institution pour débiles légers. Mais Ludovic n’est pas l’arriéré qu’on veut faire de lui. Il ne cesse de rêver à sa mère qu’il adore et qu’il redoute. Même une première expérience amoureuse ne parvient pas à l’en détourner. Son seul but, son unique lumière : la retrouver.

S’enfuyant un soir de Noël, il trouve refuge sur la côte bordelaise, à bord d’une épave échouée, écrit chez lui des lettres enflammées qui restent sans réponse. Et c’est là-bas, sur le bateau dont il a fait sa maison, que va se produire entre Nicole et son fils une scène poignante de re-connaissance mutuelle – qui est aussi le dernier épisode de leurs noces barbares.

Evaluation :

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