Auteur: Charif Majdalani

Editeur: Stock – 20 août 2025 (216 pages)
Lu en octobre 2025
Mon avis: Né en 1960, l’auteur/narrateur a grandi en plein âge d’or du Liban, la Suisse du Moyen-Orient. Issu d’une famille bourgeoise aisée, il est scolarisé au lycée français et, pendant que ses parents organisent et participent à toutes les mondanités de l’élite de Beyrouth, le petit garçon passe son temps à rêvasser sur des atlas, des livres d’histoire et des dictionnaires. Solitaire, il préfère collectionner dans un carnet les noms des rois et des dynasties oubliés plutôt que d’aller jouer avec ses petits camarades.
Mais en 1975, la guerre civile éclate, le pays se déchire, et la famille, comme tant d’autres, se réfugie dans sa résidence secondaire dans la montagne libanaise, où se recrée peu ou prou son microcosme privilégié.
Au départ peu affecté par ce bouleversement, le narrateur reste sourd aux échos de la guerre, qui animent pourtant toutes les conversations des adultes. Comme s’il refusait de quitter l’enfance, il refuse l’intrusion du réel dans son imaginaire, s’accroche à ses rêveries et aux glorieux conquérants du passé, et s’obstine à ne pas s’intéresser à la situation politique du moment. Mais à mesure que la guerre s’intensifie et se rapproche, il faudra bien qu’il finisse par grandir et entrer dans le monde adulte pour y prendre sa place, quelle qu’elle soit.
Lorsque le fracas de la guerre (dont il restera relativement protégé) télescope les premiers émois amoureux, le passage à l’âge adulte, période compliquée en soi, est d’autant moins aisé et banal. D’où peut-être la nostalgie dans l’écriture, la tendresse de l’auteur envers le petit garçon naïf et rêveur qu’il fut. Ce qui n’a pas suffi à me le rendre sympathique, avec ses airs de supériorité et de fausse modestie.
Avec ses personnages peu incarnés, son style ample, lyrique, un peu suranné, ce roman sur la perte de l’innocence qui entrecroise petite et grande histoires ne m’a pas vraiment convaincue.
En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.
#Lenomdesrois #NetGalleyFrance
Présentation par l’éditeur:
« Et d’un seul coup, le monde qui servait de décor à tout cela s’écroula. J’en avais été un témoin distrait, mais le bruit qu’il provoqua en s’effondrant me fit lever la tête et ce que je vis alors n’était plus qu’un univers de violence et de mort. C’est de celui-là que je suis devenu contemporain. J’avais été, durant des années, dispensé d’intérêt pour ce qui se passait autour de moi par ma passion des atlas, par les royautés anciennes et inutiles et par les terres lointaines et isolées, les berceaux de vieux empires oubliés.
Désormais, l’histoire se faisait sous mes yeux et je la trouvais moche, roturière et vulgaire. »
Dans ce récit de passage à l’âge adulte porté par une écriture ample et élégante, Charif Majdalani raconte la disparition d’un pays et explore ce qui subsiste de l’enfance lorsqu’elle capitule devant les fracas du monde.

