Il y a ce violon qui joue une note aiguë, tendue, tenue longtemps, comme une ligne droite qui irait mourir vers l’infini.
Il y a cette ligne droite, plate et verte, qui défile sur le moniteur au fil des secondes, symbole d’un cœur défaillant qui s’est arrêté.
Et cette alarme, qui appelle au secours.
Elle observe, tétanisée, l’homme couché dans le lit, et se demande si elle est désormais seule pour l’éternité.
Puis il y a un autre violon, qui répète sans cesse les mêmes notes, sol-do, sol-do, comme une pulsation machinale qui persévère, indifférente, envers et contre tout.
Il y a cette pulsation vitale dans sa poitrine à elle, elle qui n’a pourtant plus envie d’être en vie. Une pulsation rapide, faite de sursauts et d’embardées, de fausses notes et de triples croches, celle de son cœur paniqué.
Et toujours cette alarme stridente qui appelle à l’aide.
Le médecin de garde déboule dans la chambre avec une infirmière. Ils actionnent le défibrillateur.
Une décharge… ligne droite.
Deux décharges… des pointillés.
Trois décharges… un do dièse blanche…un soupir… un ré noire pointée croche… un demi-soupir, encore un ré, et un autre, et un autre…
Il y a les notes de ces deux violons, égarés sur des partitions qu’on dirait dissonantes, qui se cherchent, se tournent autour, se reconnaissent, se rapprochent peu à peu, s’accordent, s’harmonisent.
Il y a un cœur ranimé, un autre apaisé, tous deux, encore fragiles, à nouveau accordés à leur diapason commun.