Editeur: Pavillons Poche (Laffont) – 2013 (256 pages)
Lu en janvier 2017
Mon avis: En 1935, Evan Shepard a 17 ans, il est beau et pas idiot, et se découvre une passion pour les voitures. Il envisage d’étudier à l’université pour devenir ingénieur mécanicien. Mais il tombe dans les bras de Mary, une fille de sa classe, qui tombe enceinte. Le voilà obligé de se marier et d’endosser les responsabilités d’un chef de famille. Et de renoncer à l’université.
Inévitablement, quelque temps après, c’est au mariage et à ses chaînes qu’il renonce, et divorce. Mais la vie est une farceuse qui repasse les plats, et Evan un faible qui retombe dans le même panneau en épousant la douce et tendre Rachel. Mais cela ne serait encore qu’un moindre mal si celle-ci n’avait pas à sa remorque sa pénible et envahissante mère, Gloria, et son petit frère, Phil, adolescent solitaire. Et cela ne serait encore qu’un pis-aller si, à l’été 1942, Gloria n’avait pas eu l’idée, pour faire des économies, d’emménager avec ses enfants et son gendre dans une bicoque percluse d’humidité à Cold Spring, à quelques rues de la maison des parents d’Evan.
Dans cette cohabitation grinçante, Evan cherche une échappatoire, mais son rêve d’université a été grignoté par la nécessité de ramener un salaire, et, l’armée l’ayant réformé, la guerre en Europe s’est elle aussi dérobée à lui.
« Un été à Cold Spring » aurait pu être sous-titré « le livre des désillusions » ou « le roman de l’échec ». Dans ces 250 pages de voies sans issue, il n’y a pas seulement les déceptions d’Evan, il y a aussi celles des parents : son père, militaire qui n’a jamais su faire carrière, sa mère, qui n’a jamais supporté la vie de caserne et qui se replie sur elle-même et dans l’alcool, et Gloria, qui crève de mal d’amour et de médiocrité.
Avec sobriété et détachement, Richard Yates tire le portrait d’un milieu petit-bourgeois coincé dans ses codes : le mari qui travaille pour subvenir aux besoins financiers de sa famille et la femme qui reste au foyer pour … subvenir aux besoins ménagers de sa famille. D’épanouissement personnel, il ne saurait être question dans ces vies étriquées.
Tout cela n’est guère réjouissant et on ne parvient pas tout à fait à se rassurer en se disant que cela se passait à Cold Spring, USA, en 1942…
Présentation par l’éditeur:
Peu d’écrivains ont su, à l’instar de Richard Yates, décrire les vies des couples de l’Amérique moyenne ; il le fait ici dans une prose dépouillée : on se croirait dans un tableau de Hopper, ou le vide l’emporte sur les personnages. Yates nous entraîne sur les pas d’Evan Shepard, fils d’un officier de marine en retraite et d’une mère neurasthénique. Beau mais faible, Evan se marie trop jeune avec une fille de sa classe qu’il a mise enceinte. Quand le couple se sépare, le père d’Evan croit nécessaire d’intervenir dans la vie de son fils et le jette dans les bras de la douce Rachel, fille de l’épuisante Gloria. Mal d’amour, alcool, déclarations de guerre réelle et symbolique… les désillusions collectives vont s’inviter dans une maison délabrée de Cold Spring ou, lors de l’été 1942, les deux familles sont contraintes de cohabiter.
Les rêves et la réalité… que de désillusions ! Un roman qui me tente bien malgré la grisaille ambiante.
Laisse-toi tenter 😉