jeudi , 21 novembre 2024

Assemblage

Auteure: Natasha Brown

Editeur: Grasset – 11 janvier 2023 (160 pages)

Lu en décembre 2022

Mon avis: La narratrice est une jeune femme carriériste, à qui tout semble toujours avoir réussi.

Noire, issue d’une famille modeste, elle réussit de brillantes études, entame une tout aussi brillante carrière dans la finance à la City, va même bientôt bénéficier d’une promotion, sans doute pour que sa boîte respecte son quota « diversité », mais soit. Grâce à son travail acharné, la jeune femme gagne très bien sa vie, elle est propriétaire d’un bel appartement, a investi dans divers placements dont les revenus garnissent son épais compte en banque. Elle est donc totalement autonome et a tout ce qu’elle veut, en tout cas sur le plan matériel.

Mais depuis que son petit ami (Blanc, issu de la bonne et riche société aristocratique britannique) lui a proposé d’assister à une garden-party très chic dans la maison de campagne de ses parents, elle s’interroge. Est-ce là la vie à laquelle elle aspire vraiment, une belle carrière, un beau mariage, une vie tranquille et planifiée ? Symbole de réussite sociale, est-elle heureuse pour autant ? Le problème, c’est qu’à force d’avoir toujours fait ce qu’on attendait d’elle, elle ne sait pas ce qu’elle veut réellement, ni même qui est la femme qui se cache derrière cet assemblage de facettes rutilantes…

« Assemblage » porte donc bien son titre, tant sur le fond que sur la forme, d’ailleurs, puisque plutôt qu’un texte continu et linéaire, il est composé d’une succession de fragments, comme si on se trouvait dans la tête de la narratrice, sautant d’une pensée à l’autre, suivant un flux de conscience tortueux. Ce roman est en réalité une critique de la société britannique actuelle, vue à travers le regard d’une jeune femme noire dont on pourrait envier la réussite, mais qui pourtant a souffert, tout au long de son parcours, de racisme et de sexisme, et à qui on fait sentir son infériorité de classe sociale, et le fait que, quoi qu’elle fasse, ce ne sera jamais assez.

Cela aurait pu être intéressant, mais c’est tellement impersonnel et désincarné que je n’ai ressenti aucune empathie pour la narratrice, ni compris sa réaction face à son problème de santé (ceux qui liront comprendront). Le fait que les personnages secondaires soient superficiels et stéréotypés ne m’a pas aidée à me sentir concernée par cette histoire. L’écriture non plus, trop éclatée, abstraite (sans la 4ème de couverture, je n’aurais pas compris grand-chose), trop à la recherche d’effets de style, au détriment du fond et du message.

En partenariat avec les Editions Grasset via Netgalley.

#Assemblage #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

Découvrir l’âge adulte en pleine crise économique. Rester serviable dans un monde brutal et hostile. Sortir, étudier à « Oxbridge », débuter une carrière. Faire tout ce qu’il faut, comme il faut. Acheter un appartement. Acheter des œuvres d’art. Acheter du bonheur. Et surtout, baisser les yeux. Rester discrète. Continuer comme si de rien n’était.
La narratrice d’Assemblage est une femme britannique noire. Elle se prépare à assister à une somptueuse garden-party dans la propriété familiale de son petit ami, située au cœur de la campagne anglaise. C’est l’occasion pour elle d’examiner toutes les facettes de sa personnalité qu’elle a soigneusement assemblées pour passer inaperçue. Mais alors que les minutes défilent et que son avenir semble se dessiner malgré elle, une question la saisit : est-il encore temps de tout recommencer ?

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Je n’ai pas le même ressenti que toi. Peut-être parce que j’ai lu Open water ( encore plus tortueux mais peut-être plus incarné) de Caleb Azumah Nelson cet été. Il me semble que l’on ne peut pas appréhender la souffrance de certaines personnes face à la violence, le racisme, le sexisme du monde. Que de tels livres nous le fassent ressentir est une prouesse. Il est vrai que l’auteur aurait pu nous en dire plus sur sa famille, sa soeur. Mais c’est un roman qui se passe à l’intérieur. J’ai aimé ce parallèle entre maladie et cancer social.

    • Pour moi, j’ai vraiment buté sur le style. Je ne sais pas s’il était possible de rendre autrement le ressenti de la narratrice, mais j’ai eu l’impression que l’auteure recherchait des effets de style pour se démarquer. Cela m’a agacée, sans doute au point d’occulter le reste, malheureusement.