Auteur: Selva Almada
Editeur: Métailié – 14 janvier 2022 (128 pages)
Lu en janvier 2022
Mon avis: Sur un petit bateau au milieu du fleuve, trois hommes luttent depuis plusieurs heures pour sortir de l’eau la raie géante qu’ils ont ferrée. Ecrasés par la chaleur, la fatigue et le vin, ils viennent finalement à bout de l’animal à coups de revolver.
Plus tard, sur l’île où ils campent pendant ce week-end de pêche, les habitants s’approchent d’eux. Des hommes méfiants, des jeunes filles curieuses. L’atmosphère est tendue, la violence n’est pas loin.
Puis vient la nuit, affluent les souvenirs – le père d’un des trois hommes est mort noyé des années auparavant –, et les rêves, qui sont peut-être l’écho du futur.
Difficile d’en dire plus, car ce qui commençait comme une histoire réaliste se transforme peu à peu en récit onirique où les temporalités se mêlent et où les drames du passé ne se sont peut-être pas encore produits.
Est-ce la nature luxuriante, la chaleur tropicale, les odeurs, l’alcool qui provoquent cette confusion, qui exacerbent la violence des hommes ?
Dans un style brut, sec, épuré, Selva Almada fait de ce court roman un texte âpre et déroutant sur la vie, la mort et la violence, défiant la rationalité et la chronologie. Mais un texte puissant, envoûtant, poétique, qui réussit le tour de force de faire surgir tout un monde en quelques mots. On dirait de la magie.
En partenariat avec les Editions Métailié.
Présentation par l’éditeur:
Le soleil, l’effort tapent sur les corps fatigués de trois hommes sur un bateau. Ils tournent le moulinet, tirent sur le fil, se battent pendant des heures contre un animal plus fort, plus grand qu’eux, une raie géante qui vit dans le fleuve. Étourdis par le vin, par la chaleur, par la puissance de la nature tropicale, un, deux, trois coups de feu partent.
Dans l’île où ils campent, les habitants viennent les observer avec méfiance, des jeunes femmes curieuses s’approchent. Ils sont entourés par la broussaille, par les odeurs de fleurs et d’herbes, les craquements de bois qui soulèvent des nuées de moustiques près du fleuve où le père d’un des trois hommes s’est noyé. Ils se savent étrangers mais ils restent.
À chaque page, le paysage, les éléments façonnent le comportement et la psychologie des personnages qui confondent le rêve et la réalité, le présent et les souvenirs dans la torpeur fluviale.
Dans cet hymne à la nature, Selva Almada démystifie l’amitié masculine, sa violence, sa loyauté. Avec un style ensorcelant, l’auteur vous emporte loin avec un langage brut et poétique où les mots et les silences font partie de l’eau. Ce roman est une caresse de mains rêches qui reste collé à votre peau, à votre mémoire.