Auteur: Michelle Tourneur
Editeur: Fayard – 2015 (280 pages)
Lu en février 2015
Mon avis: J’ose à peine l’image, un peu trop facile, mais voilà : pour moi, la sauce n’a pas pris à la lecture de ce roman, qui rend hommage à la gastronomie française des années 1920.
La trame du récit est simple : au printemps 1929, Pearl, jeune photographe américaine, obtient l’autorisation paternelle pour traverser l’Atlantique et se rendre à Paris, et en ramener, pour son éditeur, un reportage sur LE restaurant étoilé du moment, le Paquebot. Pour Pearl, ce voyage est aussi l’occasion de s’affranchir de sa famille et de ses fiançailles encombrantes.
En France, à cette époque, les souvenirs de la Première Guerre ne se sont pas encore fait oublier, et on commence à subodorer le parfum de désastre du krach boursier d’octobre. Dans ce contexte tendu, incertain, la jeune femme rencontre le chef du Paquebot, Charles-Henri Chelan. Si Pearl est le prototype de la jeune New-Yorkaise riche, rebelle et romantique qui part confronter à la réalité sa vision si américano-exaltée des Années Folles sur le Vieux Continent (être soi-même un cliché, un comble pour une photographe…), Charles-Henri est un modèle de personnage tourmenté par l’amour et la guerre, dont on se dit qu’il peut, à chaque instant, basculer du mauvais côté. L’histoire d’amour est inévitable.
Cela aurait pu donner une belle histoire, mais je crois que les ingrédients sont trop nombreux, la recette trop riche et manquant de liant. Jugez plutôt : presque tous les Arts sont convoqués à la table : gastronomie et photographie bien sûr, mais aussi littérature (Joyce), danse classique (Diaghilev) et architecture (Art Déco), le meilleur second rôle étant tenu par la musique classique (aah le « subtil » parallèle entre le piano, instrument à cordes frappées, et le piano, fourneau de cuisson…). L’ensemble est décousu, part dans tous les sens, la guerre, la crise boursière, l’enfance tourmentée, les racines slaves, le fonctionnement d’une grande cuisine, sans qu’on comprenne très bien où cela mène. Le sens du titre arrive trop tard, comme un potage qui aurait attendu trop longtemps en cuisine et qu’on sert tiède. Je n’ai pas aimé le style, tendant parfois vers le lyrique, parfois trop haché. Trop… stylé. Je ne me suis pas attachée aux personnages, ni intégrée dans cette ambiance elliptique, toute en vibrations et clair-obscur.
Je n’ai pas su manger de ce pain-là…
Merci à Masse Critique et aux éditions Fayard pour cette découverte.
Présentation par l’éditeur:
Enivrée par le Paris des années folles, Pearl prépare pour le compte d’un éditeur new-yorkais un ouvrage illustré consacré à la gastronomie française. Des Halles au somptueux cadre Art déco du Paquebot, le restaurant le plus en vue du moment, rien n’échappe à son regard de photographe. Pas même l’invisible mystère qui entoure le chef Charles-Henri Chelan, acclamé par ses clients, vénéré par sa brigade, et cependant insaisissable.
Piano de cuisson, accords, harmonies, tonalités : Charles-Henri cuisine comme on compose. Mais d’où vient cet étrange rapport à la beauté qui le contraint à dépasser ses propres exigences ?
Ensorcelée par cet homme, Pearl ne répond pas aux télégrammes de son père qui la pressent de rentrer aux Etats-Unis. C’est la fin de l’été 1929. Si la ville-lumière n’a jamais mieux porté son nom, l’obscurité n’est pas loin. Mais la passion créatrice, le souffle de Charles-Henri ne sont-ils pas, comme le pressent Pearl, des ferments de résistance face au désastre qui se dessine ?
Voilà une intrigue plutôt stéréotypée qui manque de piquant ! Pas envie de me plonger dans ce roman là…