Auteur: Andrés Barba
Editeur: Christian Bourgois – 2024 (160 pages)
Lu en janvier 2025
Mon avis: Dans une maison qu’elle est chargée de vendre, une agente immobilière découvre un enfant assis sur une chaise. Ses vêtements sont démodés, il la fixe sans peur, sans ciller. Apparition, fantôme ? L’employée ne parle à personne de cette rencontre et, jour après jour, revient dans cette maison qu’elle renonce à vendre. Elle tente de nouer un dialogue avec l’enfant, qui semble coincé dans une boucle spatio-temporelle douloureuse, rejouant sans cesse la même scène, déroulée des années plus tôt.
Pendant qu’elle se demande comment l’aider, la femme réfléchit à sa propre vie, routinière, qui jusque là coulait sans heurs ni malheurs. Jusqu’au grain de sable dans l’engrenage, au rocher qui détourne le cours du ruisseau, à l’enfant qui « l’a rendue à elle-même ».
Roman étrange, malaisé, fantomatique, écrit dans une période de crise, selon son auteur.
Jeu d’échos et de miroirs déstabilisant, où l’on se demande qui reflète qui, qui renvoie à quoi, le passé au présent et retour, si c’est la femme qui aide l’enfant, ou l’inverse, ou les deux en même temps qui se libèrent l’un l’autre et eux-mêmes de leurs culs-de-sac respectifs. On flotte entre enfermements du passé et nœuds du présent, rationalité et irréalité, projection psychologique et mémoire inconsciente.
C’est lancinant, poétique, presque éthéré, mais ça pourrait sembler cérébral et artificiel. Je ne sais pas trop qu’en penser. A vous de voir.
Présentation par l’éditeur:
Dans une maison vide promise à la vente, une agente immobilière découvre un enfant assis sur une chaise. Il la regarde sans ciller, dans un accoutrement désuet qui ajoute à son étrangeté. Leur rencontre bouleverse le quotidien de cette employée sans histoire : elle retourne jour après jour sur les lieux, à l’insu de ses proches, obnubilée par cet être et ce foyer désert qui partagent un lien invisible. Bientôt, un dialogue se noue entre eux deux, un jeu se met en place, et la maison se peuple. Car l’irruption d’un enfant dans la routine des adultes ne manque jamais de troubler l’ordre établi.
Le dernier jour de la vie antérieure ressemble à une parfaite histoire de fantôme : une maison hantée, un « autre » mystérieux, des voix qui se font écho… Pourtant tout est plus réel qu’il n’y paraît. Frayant avec le fantastique, Andrés Barba dépeint l’enfance sans angélisme et nous plonge au cœur de la fragilité humaine, quand la culpabilité perturbe la quiétude de notre mémoire.