lundi , 18 mars 2024

Dérive des âmes et des continents

Auteur: Shubhangi Swarup

Editeur: Métailié – 12 mars 2020 (368 pages)

Lu en mars 2020

Mon avis: Voici un roman à l’écriture luxuriante, bien difficile à résumer et à cerner. Commençons par le plus facile : ce livre est composé de quatre parties, reliées entre elles par le biais de certains personnages qui passent de l’une à l’autre. Dans la première partie, nous sommes dans les îles Andaman, juste après l’indépendance de l’Inde. Girija Prasad, fonctionnaire du gouvernement, vient de s’y installer avec sa jeune épouse, Chanda Devi, et leur domestique Mary. Lui, le scientifique cartésien passionné de phénomènes géologiques, est transi d’amour pour sa femme, qui a l’habitude de parler aux fantômes et aux arbres et de prédire les catastrophes naturelles. Ces deux pôles humains auront bien du mal à s’apprivoiser et à se rejoindre dans l’unité d’un couple, mais tous deux sont opiniâtres.
Dans une deuxième partie, nous arrivons en Birmanie avec Mary. Elle a fait le voyage depuis les Andaman à la demande de Thapa, un ami de son fils Platon. Ce dernier est emprisonné dans les geôles effroyables de la junte birmane en raison de son activisme politique. Mary attend et espère sa libération pour enfin revoir ce fils qu’elle a dû abandonner quelques mois après sa naissance.
La troisième partie nous emmène à Katmandou, sur les traces d’un Thapa vieillissant, devenu trafiquant d’opium, et qui se prend d’un amour paternel pour Bebo, une jeune strip-teaseuse qui a l’âge d’être sa petite-fille.
Enfin, on arrive dans un village perdu de l’Himalaya, en bordure du Cachemire, à une altitude proche de l’inhumanité. Un village dans lequel Thapa est passé à plusieurs reprises et où aboutira, par hasard, le petit-fils géologue de Girija Prasad et Chanda Devi. On y parlera de la quête d’amour d’un vieillard de plus de 80 ans, et d’une nouvelle montagne qui pourrait bien dépasser l’Everest.
Le point commun de ces quatre parties : la (re)naissance d’un amour, entre un homme et une femme, une mère et son fils, un grand-père et une petite-fille d’adoption, un homme et une femme à nouveau. Avec en parallèle, la géologie, la tectonique des plaques, les tremblements de terre et les tsunamis avec leur puissance destructrice et créatrice qui engloutit des montagnes et fait surgir des îles. D’un côté l’éclatement de la Pangée originelle qui a séparé les continents, de l’autre des humains qui cherchent à se réunir. Et au milieu, des lignes de faille, des îles, une vallée de perdition et un désert de neige.
Je n’ai malheureusement pas réussi à percevoir grand-chose de plus de ce roman, que j’ai eu du mal à terminer. Il ne m’a pas touchée, ni ses personnages, ni leurs histoires, ni son style. Malgré quelques éclairs de beauté limpide et de pure tendresse, il y a trop de ramifications secondaires, de contes, d’onirisme, dont je n’ai pas compris le sens. Cette prose est pour moi trop éclatée, répétitive, peu claire et peu fluide, manque de cohésion, et surtout je me demande encore où l’auteure voulait en venir… Mais que cela ne vous empêche pas de vous faire votre propre idée.

En partenariat avec les Editions Métailié.

Présentation par l’éditeur:

Voici peut-être le premier roman où la nature s’exprime directement et où les histoires semblent surgir organiquement le long d’une ligne de faille qui fait trembler la terre et tout ce qu’elle contient de l’océan Indien à l’Himalaya.
Deux jeunes mariés s’installent dans une ancienne demeure coloniale, sur les îles Andaman, et tentent de s’apprivoiser. Ils savent qu’ils se sont déjà aimés dans d’autres vies. Girija Prasad est un scientifique fasciné par les volcans lilliputiens et les phénomènes naturels de l’archipel. Chanda Devi est un peu sorcière. Elle sait amadouer les éléphants en colère, prévoir les tremblements de terre et parler aux arbres et aux fantômes qui peuplent les îles.
Plusieurs personnages plus loin (un jeune révolutionnaire, un trafiquant désabusé, un yéti mélancolique, une tortue, une strip-teaseuse…), on retrouve le descendant de nos héros le long de la ligne de faille sismique : un géologue chargé de s’assurer que le prochain sommet himalayen, prévu pour être plus haut que l’Everest, surgira bien dans le cadre des frontières de l’Inde, pour encourager le tourisme.
Avec ce premier roman au souffle et au charme incroyables, l’auteur surprend par sa puissance narrative, à la hauteur des tsunamis qu’il contient.

Une citation:

– Papa, tu m’as trouvée où? […] Pourquoi est-ce que tu m’as ramenée à la maison?
Pour l’apaiser, Girija Prasad tissera une histoire à partir des braises du crépuscule.
– C’était une plage exactement comme celle-ci, par une soirée exactement comme celle-ci, quand ta mère et moi avons trouvé une bouteille vide, à moitié enfouie dans le sable. Quand nous l’avons ouverte, nous avons trouvé un mot à l’intérieur: Mettez tous les ingrédients de vos rêves dans cette bouteille et secouez vigoureusement. C’est ce que nous avons fait. En utilisant un prisme, j’ai piégé la lumière du soleil dans la bouteille. Je l’ai fermée avec un bouchon et secouée vigoureusement pendant des heures. Puis ta mère l’a ouverte. Elle a pris une grande inspiration et soufflé dedans. Ca a été ton premier souffle.

 

Evaluation :

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