lundi , 18 mars 2024

La convocation

Auteur: Herta Müller

Editeur: Points – 2010 (256 pages)

Lu en décembre 2019

Mon avis: Nous sommes en Roumanie, pendant la dictature communiste de Ceausescu. Une jeune femme, la narratrice, monte dans un tramway. Pour la énième fois, elle est convoquée par la police politique. Elle rêvait de partir à l’Ouest et de trouver un homme qui l’y emmènerait. Comme elle travaillait dans une usine de confection, elle a glissé, dans les poches des pantalons destinés à l’exportation vers l’Italie, des bouts de papier avec le message « Ti aspetto » (je t’attends), comme des SOS dans des bouteilles à la mer. Dénoncée par un collègue, elle a perdu son travail et gagné le droit d’être harcelée par la Securitate, qui la convoque sans cesse pour des interrogatoires aussi absurdes qu’inquiétants. Dans le tramway, angoissée, elle laisse dériver son esprit pour se protéger de ce qui l’attend « à 10 heures précises ». Dans un flux de conscience chaotique, ses pensées vagabondent entre passé et présent : son enfance, l’échec de son premier mariage, sa rencontre avec Paul qui noie son mal de vivre dans l’alcool, son amie Lilly abattue alors qu’elle tentait de passer la frontière. Une litanie de pensées sombres et morbides, et des petits rituels pour conjurer le sort se mélangent peu à peu en une sorte de prière incantatoire. Elle s’accroche au passé pour former un rempart de souvenirs et résister à un futur sans avenir, mais la peur est telle qu’elle attire la folie comme un vautour…
L’auteure (Prix Nobel de littérature 2009) a voulu montrer l’emprisonnement des corps et des esprits dans un pays fermé et une pensée unique, l’oppression, la répression et la dépression qui en résulte, les trahisons, les manipulations et l’instrumentalisation des êtres dépossédés d’eux-mêmes.
Le thème est respectable et légitime, et ça me gêne donc un peu de dire que j’ai trouvé ce livre terriblement ennuyeux. J’ai rarement dû m’accrocher autant pour arriver au bout, à cause du personnage principal au caractère fade et inconséquent, et surtout à cause de la narration décousue (même si elle reflète sans doute parfaitement l’état d’esprit de la narratrice), lourde, onirique, malsaine (les comportements des femmes vis-à-vis des hommes m’ont laissée perplexe). On ne me reprendra plus à répondre aux convocations à lire Herta Müller…

Présentation par l’éditeur:

Traquée, harcelée, humiliée. Ainsi va la vie sous la dictature de Ceausescu. Et sa vie à elle c’est Albu, le commandant sadique qui la convoque quotidiennement pour des questions sans fin. C’est Paul, son mari, qui boit pour oublier. Et Lilly, son amie, qui meurt sous les balles. Pour ne pas perdre la tête, elle se débat et résiste. 

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Je m’y suis ennuyée aussi ! Mais je garde un souvenir vif de cette « oppression » que l’autrice a très bien su retranscrire et nous faire ressentir…