jeudi , 3 octobre 2024

La procession infinie

Auteur: Diego Trelles Paz

Editeur: Buchet-Chastel – 10 janvier 2019 (276 pages)

Lu en janvier 2019

Mon avis: Lima, 2010. Diego, narrateur (et double de l’auteur?) et Francisco se retrouvent au Pérou dix ans après avoir quitté leur pays traumatisé par la dictature de Fujimori (« el Chino »). Les retrouvailles sont arrosées d’alcool, de coke et de jolies filles. Ils ne reparlent pas de ce qui s’est passé à…
Berlin, 2008, où le même cocktail avait entraîné Francisco dans une sinistre mésaventure. Réelle ou fantasmée, toujours est-il qu’il n’en est pas ressorti indemne, et qu’il en paiera l’addition en 2013, dans la même ville.
Paris, 2015. Après la disparition de Francisco, Diego est obsédé par l’idée de découvrir ce qui s’est vraiment passé cette fameuse nuit à Berlin, et ce que sait peut-être à ce sujet une certaine Cayetana, mystérieuse jeune femme, péruvienne elle aussi.
A cette trame éclatée, vue à travers les yeux de Diego, il faut ajouter les bribes d’informations distillées au lecteur par le biais d’autres personnages, et qui couvrent principalement la période de la dictature et celle qui l’a suivie. L’enchaînement des chapitres semble au début n’avoir ni queue ni tête, on passe d’un personnage à l’autre, d’une époque à l’autre, sans trop comprendre qui parle ni où on va. Tout finit par s’emboîter, encore que l’ensemble reste un peu énigmatique, elliptique.
Ce roman est une « procession infinie » de fantômes du passé récent du Pérou, pays et population endeuillés par une sale guerre, ses violences et son impact persistant, malgré la paix revenue, sur ceux qui l’ont vécue de près ou de loin. Comment se construire ou se reconstruire une vie « normale » quand l’intime a été à ce point marqué par les enjeux historiques et politiques ?
Diego Trelles Paz maîtrise parfaitement la forme du roman choral, capable d’utiliser à merveille des styles de langage très différents, du plus familier (voire vulgaire) et proche de l’oralité à une narration plus classique et descriptive. Sans doute un grand roman d’un grand auteur sur les heures sombres du Pérou, mais les références à l’histoire récente de ce pays m’ont un peu trop échappé pour que je perçoive toute la richesse et la subtilité de ce roman.

En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.

Présentation par l’éditeur:

« Ce que la dictature nous a insufflé nous poursuit à présent parce que c’est aussi cela qui nous définit », dit Francisco à Diego le jour de leurs retrouvailles à Lima. Voilà presque dix ans que les deux amis ont quitté le Pérou, fuyant leur vie dans un pays défiguré par la violence et l’incertitude. Le récit de leurs souvenirs les ramènera à une étrange et mystérieuse soirée à Berlin. Que s’est-il vraiment passé cette nuit-là ?

Après la disparition soudaine de Francisco, le besoin obsessionnel de découvrir la vérité sur cet épisode conduit Diego sur les traces de celle qui connaît peut-être la vérité : Cayetana, dont il tentera de comprendre le destin énigmatique.

Campé dans un Pérou meurtri, La Procession infinie est un roman noir, polyphonique et poignant sur l’amitié et les vertigineuses impossibilités de l’amour dans un pays endeuillé, traumatisé par son histoire politique récente.

Evaluation :

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