Auteur: Aki Shimazaki
Editeur: Actes Sud/Babel – 2005 (114 pages)
Lu en février 2016
Mon avis: Terrible ironie du Destin, ce matin du 9 août 1945 à Nagasaki, qui fit en sorte qu’un meurtre, commis en parfaite connaissance de cause par une adolescente, se transforma en crime parfait au moment où la deuxième bombe atomique de l’Histoire tombait sur la ville, désintégrant les traces du forfait en même temps que des milliers d’innocents.
Si le crime est resté inconnu de la justice des hommes, Yukiko, la meurtrière, en porte toujours le poids, cinquante ans plus tard. Elle n’emporte cependant pas son lourd secret dans la tombe, et laisse une longue lettre à sa fille, dans laquelle elle lui raconte son enfance, son adolescence, son premier amour, et les circonstances qui l’ont amenée à commettre ce meurtre.
Tsubaki signifie « camélia » en japonais, et cette fleur symbolise la violence de la vie. Comment quelque chose d’aussi beau qu’une fleur peut représenter la violence ? Et comment l’écriture d’A. Shimazaki, si belle et pudique, peut-elle restituer, tout en délicatesse, tant de cruauté et de noirceur ? Parce qu’à côté de la guerre et de la sale bombe, il y a la violence du quotidien, sournoise mais ravageuse, celle des mensonges, des manipulations et des lâchetés qui scellent des vies, la violence subie par une enfant qui idéalise les adultes et qui soudain comprend que certains d’entre eux, parmi les plus proches, trahissent sa confiance depuis toujours.
110 pages et tant de choses en si peu d’espace, c’est la marque de fabrique d’A. Shimazaki. Un style tout « japonais », épuré voire minimaliste mais profond, une écriture juste mais qui ne porte pas de jugement. Attachant et interpellant. Un peu de douceur dans un monde de brutes ?
Présentation par l’éditeur:
Dans une lettre laissée à sa fille après sa mort, Yukiko raconte le quotidien d’une adolescente pendant la Seconde Guerre mondiale, son déménagement à Nagasaki avec ses parents, le travail à l’usine, les amitiés et les amours naissantes avec son voisin. En révélant peu à peu une trame familiale nouée par les mensonges de son père, elle confesse les motifs qui l’ont poussée à commettre un meurtre, quelques heures avant que la bombe atomique tombe sur sa ville.
Une saga au format minimaliste, mais d’un grand sens de l’histoire. Un très beau souvenir de lecture.
Tant mieux, je compte bien lire les 4 autres.