mardi , 19 mars 2024

Vacances anglaises (Embrassez qui vous voudrez)

Auteur: Joseph Connolly

Editeur: Points – 2004 (462 pages)

Lu en mars 2016

embrassez qui vous voudrezMon avis: Si on vous dit « vacances anglaises », vous penserez peut-être à nos voisins d’outre-Manche passant gentiment leurs vacances annuelles péniblement méritées à se cramer la peau sous le soleil des plages méditerranéennes, se tartinant de crème solaire alors qu’ils sont déjà rouges comme des écrevisses ébouillantées, voire déjà en train de peler du nez. Vous les imaginez aussi dépensant consciencieusement leur pécule de vacances âprement gagné en se bâfrant, parfois bruyamment, de tapas, de paella et de sangria (pardon pour le cliché). Mais vous n’imaginez certainement pas un autre type de « vacances anglaises », telles celles que nous offre J. Connolly, dans l’un les plus beaux palaces de la côte british. Chic, classe donc cher, ou cher, chic mais classe (choisissez l’ordre que vous vous voudrez), vous dites-vous alors. Eh bien, cher lecteur, je suis au regret de vous annoncer que vous vous tromperiez sur toute la ligne. Du chic et du cher, certes, mais du classe, alors là – My God ! – on en est aussi loin que d’ici au jour où on découvrira un vaccin contre l’hypocrisie humaine.

Voyez donc comme ces braves gens dansent : Elizabeth, qui a désespérément besoin d’un break, elle qui tue le temps entre shopping, bonnes oeuvres, coiffeur et garden-parties, supplie son mari Howard de lui offrir une semaine de vacances tellement méritées. Howard, qui a vraiment besoin d’un verre (« God, my pauvre tête »), se demande en quoi le fait pour sa femme de dépenser l’argent qu’il gagne peut être aussi épuisant, mais s’empresse de l’envoyer dans un hôtel grand luxe et de prétexter un surcroît de travail pour ne pas l’accompagner (ledit surcroît de travail répondant au doux prénom de Zouzou). Apprenant cela, leur voisine Dotty, qui a terriblement besoin d’imiter Elizabeth en toute chose (mais qui ne réussit qu’à en reproduire une copie cheap et même pas vintage), réussit à convaincre Brian, son mari, de partir au même endroit. Brian, qui a pourtant tellement besoin d’argent qu’il envisage de vendre sa précieuse collection de plaques d’égouts, arrivera à payer le même séjour à sa famille… ou presque. Quelle joie de se retrouver tous ensemble en vacances ! Avec en prime leur amie Melody, qui a profondément besoin d’un homme et accessoirement, d’un père pour son ange de bébé…hurleur. Et quel bonheur de faire la connaissance de cette ravissante Lulu et de John, son mari si attachant (et attaché…).

Avec quelques autres personnages périphériques, tout ce petit monde s’ébat et se débat dans cette tragi-comédie burlesque et déjantée, joyeusement vacharde, drôlement désenchantée aussi. Mensonges, jalousies, hypocrisies, superficialités et libidos débridées, ces vacanciers se font tirer un portrait peu reluisant. Mais Connolly emballe le tout d’un humour cynique, dans un style enlevé, parfois outrancier, mais tellement jubilatoire.

Des vacances comme ça, c’est promis, les amis, on y retourne l’année prochaine !

Présentation par l’éditeur:

Qui a dit que les vacances dans une station balnéaire étaient synonymes de repos ? Elizabeth est abandonnée par son mari dans un hôtel de luxe. Dotty doit se contenter d’une caravane. Melody, mère célibataire accompagnée de son bébé hurleur, recherche un père idéal… Entre les vexations et une libido qui s’affole, chacun manque d’imploser…

Une citation:

« Colin ouvrit brusquement les yeux. Il avait ressenti, avec une conscience aiguë, le froissement des vêtements, le lourd parfum de femme. Mon Dieu, pourquoi était-ce si long, de grandir? Comment était-ce possible, de savoir ce que l’on ressentait, mais sans savoir que faire de cela? Il soupira, leva les yeux vers l’obscurité au-dessus de lui. Une fois encore, sa main descendit comme machinalement le long de son ventre, et vint se nicher entre ses cuisses. Il se caressa, comme il eût caressé l’épaule d’un ami pris de panique et qui a besoin d’être rassuré, qu’il faut absolument calmer. Lorsque Elizabeth, ou Katie, ou Carol se couchent (seules) touchent-elles aussi leurs parties intimes, comme moi? Oui, peut-être; peut-être sommes-nous tous les prisonniers de cette chaleur de la nuit, caressant ces endroits dont rêvent les autres ».

Evaluation :

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Un commentaire

  1. J’ai adoré ce roman dans lequel la société anglaise en prend pour son grade. Vacances sans repos !