Auteur: Elizabeth Day
Editeur: Belfond – 2018 (352 pages)
Lu en mai 2018
Mon avis: Que s’est-il passé le 5 mai 2015 ?
Ce soir-là, Ben Fitzmaurice fête ses 40 ans en grande pompe avec sa sublime femme dans leur non moins somptueuse demeure de la campagne anglaise. Et avec, bien sûr, leurs 300 invités de prestige, le gratin de la sphère politico-culturo-médiatique britannique. Parmi eux, jurant un peu dans le décor, il y a Martin et sa femme Lucy. Martin et Ben sont les meilleurs amis du monde depuis le lycée. Ou, plus exactement, Martin voue un véritable culte à Ben depuis que celui-ci a pris sa défense, un jour parmi tant d’autres où Martin était – une fois de plus – la tête de turc de ses camarades. Ils ne sont pourtant pas issus du même milieu social : tandis que Martin, boursier, vient de la petite classe moyenne, élevé par une mère veuve, aigrie et pauvre, Ben est né les fesses dans le beurre dans une famille aristocratique richissime. L’un est mal dans sa peau, taiseux et inadapté socialement, l’autre est bourré d’assurance et de charisme. Il y a des amitiés plus évidentes…
Et donc, que s’est-il passé ce soir-là, qui soit suffisamment grave pour que Martin soit convoqué au commissariat trois semaines plus tard ? On l’apprendra par Martin lui-même, entre les chapitres où il relate son interrogatoire et ceux où il remonte le temps, de son enfance à la fameuse soirée du 5 mai. S’y intercale la version de Lucy, qui, par le biais de séances de psychothérapie, livre sa propre lecture, bien plus lucide, des événements et des comportements de Martin et Ben.
Ce n’est pas parce qu’il commence dans un commissariat que ce livre doit être rangé parmi les romans policiers. Il y a bien un coupable, un innocent et une victime, et cette vérité (ou ce mensonge) est la clé de cette « invitation ». Mais ce qui domine, c’est la critique acerbe de la classe sociale privilégiée, dépeinte comme cynique, vaine et prête à tout pour atteindre l’échelon supérieur du pouvoir politique et/ou financier. Amitié, pouvoir, amour, richesse, sont les enjeux ou les obsessions qui font courir les personnages. Loyauté, manipulation, hypocrisie ou secrets bien gardés sont leurs moyens d’action.
Si les personnages de Martin (amer, narcissique, un brin sociopathe) et de Ben (arrogant et opportuniste) ne provoquent pas la sympathie, celui de Lucy force presque l’admiration par tant d’abnégation et de loyauté. Les différences de ressenti dans leurs récits respectifs sont d’ailleurs piquantes et donnent le ton d’une intrigue efficace, dont la trame repose sur des non-dits et des faux-semblants. Bien écrit, bien construit, ce roman très british décrit finement la complexité des sentiments, surtout de ceux qu’on se cache à soi-même ou qu’on croit réciproques. Les illusions tombent, les lendemains déchantent. Mais la vengeance est un plat qui se mange froid…
En partenariat avec les éditions Belfond via Netgalley.
Présentation par l’éditeur:
Ben Fitzmaurice est devenu le meilleur ami de Martin Gilmour le jour où, dans la cour de leur très chic école, Ben, héritier d’une prestigieuse dynastie, a pris la défense de Martin, petit boursier, fils unique d’une mère célibataire sans le sou. Depuis, Ben s’est fait un nom en politique, Martin est devenu critique d’art ; Ben a épousé la très parfaite Serena, Martin vit avec la très discrète Lucy. Et Ben est toujours le meilleur ami de Martin.
Ce soir, Ben fête ses quarante ans. Tout le gratin est présent. Martin aussi. Naturellement…
Le lendemain, Serena est dans le coma ; Lucy est internée. Ben est à l’hôpital ; Martin, lui, répond aux questions des policiers : que s’est-il passé durant cette soirée ? Pourquoi un tel déchaînement de violence ? Et si cette amitié en apparence parfaite cachait en réalité des sentiments bien plus troubles ?
Je m’inviterai bien à cette fête d’anniversaire pour connaître le fin fond de l’histoire !
…et ce n’est pas joli-joli… 😉