dimanche , 15 septembre 2024

Texte-à-moi #20: Divagation

Assise dans mon lit, la lampe de chevet allumée, voilà bien deux ou trois minutes que mes yeux glissent sur les lignes du livre ouvert sur mes genoux. En pilotage automatique, mon regard avance d’un mot à l’autre et avale les phrases, mais mon cerveau n’enregistre rien. Il préfère vagabonder je-ne-sais-où, rebelle à toute discipline de lecture attentive.

Mes pensées s’éparpillent entre le non-événement de la réunion de ce matin et la liste des choses à faire du lendemain. Une image survient qui se pose un instant dans ma mémoire avant d’être balayée par la suivante, tout aussi fugace, trop anodine pour que je l’inscrive au vol. Cela me fait penser au ballet incessant des moineaux et des mésanges qui viennent se nourrir sur la boule de graines que j’accroche à mon balcon (note : penser à en racheter).

Je tente à nouveau de me concentrer sur mon livre, je fixe mes yeux sur une ligne au hasard. Il me semble l’avoir déjà lue, la suivante aussi, celle d’après m’est inconnue.

Je reprends le fil de ma lecture, presque aussitôt coupé par un miaulement, non, un couinement, furieux. Un chat ? deux chats ? un renard ?

Quelle importance ? La faune noctambule vit sa vie sans demander son reste et se fiche pas mal de mes hypothèses.

Moi aussi, d’ailleurs, je ne sais même pas pourquoi je me pose la question, ni ce que m’apportera la réponse. Et puis j’ai la flemme de me lever, d’aller à la fenêtre et de tenter en vain de percer l’obscurité pour comprendre ce qui se passe.

Où en étais-je ? Ah oui, mon livre. C’est fou comme il ne parvient pas à me captiver, mon cerveau qui se dé-domestique n’en a rien à cirer, il veut juste s’évader, déambuler à sa guise d’une idée à l’autre, errer sans but, sans être obligé de réfléchir, de trouver des solutions, de résoudre des problèmes, de s’attarder là où il n’en a pas envie.

Mais je sais qu’il finira bien par s’arrêter, comme un enfant agité qui soudain tombe endormi au milieu de ses jouets.

Déjà mes yeux se brouillent, les lignes dansent, les mots se mêlent et se superposent.

Je ferme mon livre, et mes yeux aussi.

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