mercredi , 24 juillet 2024

Les déferlantes

Auteur: Claudie Gallay

Editeur: J’ai lu – 2010 (480 pages)

Grand prix des lectrices de Elle – 2009

Lu en février 2013

les déferlantesMon avis: Les Déferlantes, c’est avant tout une ambiance. N’y cherchez pas une intrigue complexe avec suspense, personnages hauts en couleurs et révélations fracassantes. S’il y a quelque chose qui se fracasse dans ces pages, c’est l’eau, de pluie ou de mer, qui s’abat par paquets sur les vitres ou les rochers pendant les tempêtes, ce sont les âmes et les esprits des vivants, fissurés sous le poids du mystère ou du secret, hantés par le souvenir des morts.
Car à la pointe du Cotentin, près de la Hague, il faut prendre la mer au sérieux. Souvent elle se déchaîne, et parfois, ne rend pas ceux qui s’y aventurent. Comme les parents et le petit frère de Lambert, personnage mystérieux qui revient sur les lieux 40 ans plus tard. Comme la famille de Nan, 60 ans plus tôt, condamnant celle-ci à une attente vaine et insensée.
La narratrice est arrivée dans ce bout du monde quelques mois auparavant. Ornithologue, elle recense les oiseaux sur les falaises. Ame solitaire secrète et blessée elle aussi, les habitants l’ont acceptée parmi eux sans guère poser de questions. Car on n’est pas comme ça par ici, on serait plutôt taciturne, on ne s’exprime pas haut et clair. On est dans le non-dit, avec parfois quelques éclats de colère, de rancoeur ou de désespoir.
L’intrigue est simple : des secrets de famille affleurent, la narratrice et Lambert vont mener l’enquête.
Ce roman n’échappe pas aux clichés : la nature âpre mais belle, la rencontre de deux âmes soeurs tourmentées, l’artiste torturé, l’idiot du village, le notable et sa marotte (Prévert), la haine filiale, les amours secrètes et les secrets d’amour,…
Il y a quelque chose d’assez paradoxal dans ce livre : il est long (trop long ?) : 500 pages, et pourtant les phrases sont courtes, très courtes. Cela donne un style que j’avoue n’avoir pas apprécié : un récit haché, sec, avec des dialogues très « parlés ». Mais bon, ce n’est pas l’Académie française qui a récompensé ce roman. Ni d’ailleurs le grand prix du polar, tant la clé du mystère saute aux yeux rapidement.
Je suis sans doute un peu dure, mais, malgré quelques poignantes fulgurances, on tourne beaucoup en rond sur ce chemin de rédemption, au point qu’on pourrait bien quitter cette maritime ambiance d’ennui et de déprime pour d’autres cieux, ou plutôt d’autres reliefs plus sereins. Ceux qui ont lu jusqu’au bout comprendront…

Présentation par l’éditeur:

La Hague… Ici on dit que le vent est parfois tellement fort qu’il arrache les ailes des papillons. Sur ce bout du monde en pointe du Cotentin vit une poignée d’hommes. C’est sur cette terre âpre que la narratrice est venue se réfugier depuis l’automne. Employée par le Centre ornithologique, elle arpente les landes, observe les falaises et leurs oiseaux migrateurs.
La première fois qu’elle voit Lambert, c’est un jour de grande tempête. Sur la plage dévastée, la vieille Nan, que tout le monde craint et dit à moitié folle, croit reconnaître en lui le visage d’un certain Michel. D’autres, au village, ont pour lui des regards étranges. Comme Lili, au comptoir de son bar, ou son père, l’ancien gardien de phare. Une photo disparaît, de vieux jouets réapparaissent.
L’histoire de Lambert intrigue la narratrice et l’homme l’attire. En veut-il à la mer ou bien aux hommes? Dans les lamentations obsédantes du vent, chacun semble avoir quelque chose à taire.

Quelques citations:

– « Je les regardais, à la dérobée, incapable de comprendre comment on pouvait en arriver à ce point de haine. Entre eux, le silence même devenait une insulte ».

– « Comprendre quoi? Qu’un jour on se réveille et qu’on ne pleure plus? Combien de nuits j’ai passées, les dents dans l’oreiller, je voulais retrouver les larmes, la douleur, je voulais continuer à geindre. Je préférais ça. J’ai eu envie de mourir, après, quand la douleur m’a envahi le corps, j’étais devenue un manque, un amas de nuits blanches, un estomac qui se vomit, j’ai cru en crever, mais quand la douleur s’est estompée, j’ai connu autre chose. Et c’était pas mieux.
C’était le vide ».

« – Alors, tu attends quoi, pour l’aimer, lui?
– J’attends rien.
– On attend tous!
– Pas moi.
Elle m’a regardée au fond des yeux.
– Quand on n’attend plus, on meurt! »

– « Il y a toujours mille raisons pour s’enfermer. Sortir est beaucoup plus difficile ».

Evaluation :

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3 commentaires

  1. J’ai beaucoup ce roman grâce et surtout à la présence de la mer, du vent, de la tempête, de la pluie qui me semblaient parfaitement correspondre aux sentiments et émotions de l’héroïne.

  2. Coucou ^^

    Et bien, je n’avais pas aimé non plus et je l’avais arrêté avant la page 100… c’est dire. Je m’emmerdais à fond dans cette histoire ! 😛