Auteur: Maylis Adhémar
Editeur: Julliard – 2020 (304 pages)/Pocket – 2021 (320 pages)
Lu en décembre 2021
Mon avis: Dans les familles telles que celle de Sixtine, très catholiques, tendance intégriste obscurantiste et réactionnaire, on attend des jeunes filles qu’elles soient sages et bien élevées, qu’elles sachent prier, cuisiner et préserver leur chasteté, qu’elles fassent des études supérieures juste ce qu’il faut pour trouver un jeune homme de bonne famille promis à un bel avenir. Sixtine répond parfaitement à tous ces critères.
Dans ces familles-là, on attend des jeunes hommes qu’ils soient polis et sûrs d’eux, qu’ils fassent de solides études pour dégotter un solide emploi, qu’ils sachent prier et perpétuer la lignée, et qu’ils s’engagent dans une milice religieuse pour mener une croisade moderne (actions coup de poing incluses) contre les hérésies contemporaines telles que le mariage pour tous. Pierre-Louis Sue de la Garde correspond parfaitement à ce profil.
Et donc Sixtine et Pierre-Louis se rencontrèrent et se marièrent. Mais le reste du programme « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » ne sera pas d’application. Parce que finalement, Sixtine ne répond pas tout à fait aux critères susmentionnés. Surtout depuis qu’elle réalise que le mariage et ses accessoires s’apparentent plus à un purgatoire qu’à l’Eden d’avant la pomme. Nuit de noces désastreuse, grossesse difficile, belle-mère intrusive, autoritaire et culpabilisante, la jeune femme déchante encore davantage quand elle comprend que son bon, beau, fort et courageux Pierre-Louis ne mérite peut-être pas qu’on lui donne le Bon Dieu sans confession.
A la faveur (si on ose dire) d’un événement dramatique, Sixtine ouvre les yeux, comprend qu’il y a d’autres vérités que celle qu’on lui assène depuis sa naissance, et décide de couper les ponts.
« Bénie soit Sixtine » est donc une histoire d’éveil, d’émancipation, d’une initiation à une autre vie. La première partie m’a semblé la plus intéressante, par le portrait ahurissant de ces familles et de ce courant catholique intégriste. Je savais vaguement que cela existait mais je ne me doutais pas que cela allait aussi loin dans la déconsidération des femmes (être femme se limite à être mère), ni dans la dénaturation de la religion et dans la violence : ces soldats du Christ post-modernes sont en réalité de dangereux fous furieux, bien loin du Dieu d’amour, miséricordieux et tolérant. J’ai moins aimé la seconde partie, un peu lente, caricaturale et trop feel good pour moi. Pas très crédible non plus à mes yeux l’histoire de la mère et de la grand-mère de Sixtine, ni la fin en forme d’improbable retour aux sources.
Mais le plus important de ce roman finalement assez agréable à lire, c’est son message de tolérance et de liberté.
Qui me permet une transition facile et me donne l’occasion de vous souhaiter un joyeux Noël et une année 2022 remplie de joies et d’émerveillements, de bienveillance et d’empathie et de toutes ces petites choses qui font du bien et qui ne s’achètent pas (et remplie aussi de livres, tout de même).
Présentation par l’éditeur:
Sixtine, jeune femme très pieuse, rencontre Pierre-Louis, en qui elle voit un époux idéal, partageant les mêmes valeurs qu’elle. Très vite, ils se marient dans le rite catholique traditionnel et emménagent à Nantes. Mais leur nuit de noces s’est révélée un calvaire, et l’arrivée prochaine d’un héritier, qui devrait être une bénédiction, s’annonce pour elle comme un chemin de croix. Jusqu’à ce qu’un événement tragique la pousse à ouvrir les yeux et à entrevoir une autre vérité.
Bénie soit Sixtine est avant tout l’histoire d’un éveil et d’une émancipation. Entre thriller psychologique et récit d’initiation, ce premier roman décrit l’emprise exercée par une famille d’extrémistes sur une jeune femme vulnérable et la toxicité d’un milieu pétri de convictions rétrogrades. Un magnifique plaidoyer pour la tolérance et la liberté, qui dénonce avec force le dévoiement de la religion par les fondamentalistes.