mardi , 19 mars 2024

Ce qu’il restera de nous

Auteur: Pascale Joye

Editeur: Librinova – 2019 (157 pages)

Lu en août 2019

Mon avis: C’est une lettre d’outre-tombe que Mathieu reçoit ce soir-là. Une lettre d’un amour passé mais peut-être encore présent malgré tout, écrite par Clémence, lorsqu’elle a appris qu’un cancer ne lui laissait que quelques mois à vivre. Clémence s’adresse à son premier et seul grand amour, Mathieu le séducteur, qui l’avait lâchement laissée tomber lorsqu’il avait compris que les choses allaient prendre un tour trop sérieux pour lui. Dans sa lettre, Clémence lui raconte, sans rancœur, avec tendresse et humour parfois, et surtout avec beaucoup d’amour, comment elle a vécu leur histoire, comment elle a ensuite construit sa vie avec son mari puis deux enfants, et comment, malgré ce bonheur ordinaire, elle a gardé en mémoire le souvenir de cet amour hors du commun. En contrepoint, d’autres voix se joignent à ce monologue épistolaire: celle de Mathieu, principalement, dont on découvre les réactions pendant sa lecture, entre surprise, nostalgie, amour et regrets, peut-être. Celle de Tom, le fils de Clémence, et celle de Clémence, à nouveau, qui s’adresse à sa fille Margaux. Chaque voix tisse un fil qui se joint aux autres pour assembler les différents pans d’une même histoire, et le lecteur mesure alors l’impact des mots et des faits sur le ressenti de chacun des protagonistes, pour le meilleur et pour le pire.
Imprégné de musique et de références littéraires, « Ce qu’il restera de nous » est un roman touchant sur l’amour, la vie, la mort. L’histoire aurait pu être banale (« Je nous ai crus exceptionnels, nous n’étions que des êtres imparfaits pris dans des faisceaux de circonstances ordinaires« ), mais la plume de l’auteure la transcende par sa finesse psychologique, sa sensibilité, sa fluidité, sa beauté simple et lumineuse. Les mots sont maîtrisés et les émotions affleurent, entre nostalgie et désir de vivre.
Un grand merci à l’auteure pour m’avoir contactée et proposé la lecture de son beau premier roman. J’espère que d’autres suivront.

#LisezVousLeBelge

Présentation par l’éditeur:

« Sait-on jamais ce qu’’il restera de nous ? Des vestiges écarlates, l’amour et la honte à la fois, le remords qui commence là où s’amenuise la passion. Vivre avec la simple idée qu’une fois les corps éteints, il ne subsistera peut-être rien de ce qui a tant bouleversé, quelle déconvenue. »
Lorsque l’avocat Mathieu Berger reçoit la visite de Margaux Delore, il est loin de se douter qu’’il ne s’agit pas d’une cliente comme les autres. La jeune femme est venue lui remettre un dernier message de sa mère, Clémence Madigan, décédée d’’un cancer deux mois auparavant. Se sachant condamnée à bref délai, Clémence a profité du temps qui lui était imparti pour un dernier voyage intérieur et elle a choisi l’’écriture pour laisser quelques vestiges à ceux qu’’elle a aimés. Sa famille, bien sûr, déchirée par un drame dont personne ne sortira indemne, mais aussi Mathieu, sa part d’’ombre et de lumière à la fois. Une histoire d’amour aussi intense que déraisonnable –- de celles qui restent en filigrane de toute une vie et où la douleur de la chute est à la mesure du bonheur éprouvé.

Quelques citations:

– Tu avais bien sûr une méthode de séduction bien rodée qui, associée à la douceur de la musique et à ma solitude de ce soir-là et de toujours, ne pouvait que faire mouche. Aux âmes fragiles il faut peu pour faire naître une passion: un trou à la place du cœur, des brèches dans lesquelles s’infiltrera la moindre marque de tendresse. 

– Car l’amour platonique, quand on y pense, ce n’est pas du jeu: ça fuit la réalité, ça entretient les rêves et ça vous fait des chagrins d’amour à n’en plus finir. 

Evaluation :

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