samedi , 20 avril 2024

Le reste est silence

Auteur: Carla Guelfenbein

Editeur: Actes Sud (Babel) – 2013 (309 pages)

Lu en septembre 2019

Mon avis: On peut dire beaucoup de choses en se taisant, et à l’inverse la parole n’est pas toujours synonyme de communicabilité. Les trois personnages principaux de ce roman illustrent bien ces difficultés.
Il y a d’abord Tommy, douze ans, atteint d’une maladie cardiaque qui l’empêche de s’amuser normalement avec les enfants de son âge. Alors il s’occupe en enregistrant en cachette les conversations des adultes, ce qui lui vaudra une révélation dramatique à propos de la mort brutale de sa mère, dix ans plus tôt.
Il y a ensuite Alma, belle-mère de Tommy, qui sent que son mari s’éloigne d’elle, et qui se réfugie dans les bras d’un amour de jeunesse peu fiable.
Et puis Juan, le père de Tommy, brillant chirurgien, qui croit protéger son fils mais n’a réussi qu’à en faire un enfant solitaire, trop sérieux pour son âge.
« Le reste est silence » est un roman choral à trois voix, dans lequel les mêmes situations sont vues de trois points de vue différents, ce qui est un peu répétitif, mais qui montre l’ampleur des incompréhensions et des malentendus au milieu desquels les personnages naviguent à vue. On a mal au cœur pour Tommy, qui souffre en silence dans son corps et dans sa tête, on s’agace de cette Alma indécise et qui semble préférer Tommy à sa propre fille, on désespère devant la froideur apparente de Juan. Mais cela ne va pas beaucoup plus loin, parce que pour moi, cette histoire est  trop improbable : la question de la judéité, posée comme centrale dans l’origine du drame, m’apparaît tirée par les cheveux, la maturité de Tommy me semble excessive, et la scène finale frise la guimauve en plus d’être irréaliste.
En dehors de cela, l’écriture est sensible et délicate, et ce texte rappelle, si besoin était, que le poids des secrets de famille se pose sur les épaules des générations suivantes, qui en paient parfois un prix beaucoup trop fort.

Présentation par l’éditeur:

Tommy, douze ans, a une maladie cardiaque qui lui interdit les jeux turbulents des garçons de son âge. Caché sous une table, il s’amuse à enregistrer sur son Mp3 le joyeux verbiage d’un banquet nuptial. Et voilà que l’on parle de sa mère, brutalement disparue dix ans plus tôt. Une brèche s’ouvre dans les secrets si bien gardés de la famille recomposée.

La vie que tous croyaient ordonnée et paisible dérape, et les liens se distendent à mesure que l’histoire se tisse. Dans les non – dits de l’autre, chacun cherche sa propre vérité. L’enfant découvre à travers la mort violente de sa mère l’improbable « faute » de la judéité. Le père voit se raviver l’abyssale impuissance à protéger ceux qu’il aime. Et la belle-mère d’affronter une fragilité qui lui vient de l’enfance, une incapacité d’aimer et d’être aimée.

Le reste est silence explore avec grâce la part d’ombre de chacun – cet infime espace intime auquel même l’amour ne peut donner accès – pour rappeler que c’est l’addition de toutes ces blessures qui constitue la pierre angulaire de l’édifice familial.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Un roman trop bavard en somme 😉