Auteur: John Steinbeck (Prix Nobel de littérature 1962)
Editeur: Folio – 1972 (192 pages)
Lu en 2013
Mon avis: Surtout ne pas se décourager, ni se laisser impressionner. Ce n’est pas parce que ce court roman est un monument de la littérature, ni parce qu’il y a déjà 132 [en 2013] critiques sur Babelio (dont beaucoup appréciées par des dizaines de clics de …souris), que moi je ne serais pas capable d’en rédiger une chronique. Relever le défi, donc…
Dans la Californie des années 30, en pleine Dépression, George et Lennie rêvent leur rêve américain : économiser sur leur paie pour s’acheter un lopin de terre avec une petite maison, et des lapins pour Lennie. George et Lennie, ouvriers agricoles, sont en route pour le ranch où ils ont été embauchés comme journaliers. George est petit, intelligent, brave type mais méfiant. Lennie est grand, demeuré, pas méchant mais ne connaissant pas sa force physique colossale. George le protège et veille sur lui comme un grand frère.
Pas la peine d’en dire plus. Dès le début, on pressent le drame. Les souris, le chien, la femme, oiseaux de mauvais augure. D’ailleurs ce roman aurait pu être une pièce de théâtre, catégorie tragédie classique : on a l’unité de lieu et d’action, presque l’unité de temps (3 jours au lieu d’un). Pour la règle de bienséance, on repassera, mais pour ce qui est de la fonction cathartique (ainsi décrite par Boileau: « que dans tous vos discours la passion émue / aille chercher le coeur, l’échauffe et le remue »), il faudrait être vraiment insensible pour ne pas être touché.
Comment rester de marbre face à la puissance de ces 125 pages ? Elles se lisent en une heure mais vous comprenez avant même de refermer le livre qu’elles vous marqueront pendant des jours. Vous avez intégré, assimilé l’histoire d’autant plus aisément que l’écriture est simple, fluide et sans artifices. Elle est en vous et ne vous quittera pas de sitôt.
Mais qui donc pourra m’expliquer ce mystère qui transcende des mots anodins et des faits divers en prodige littéraire intense et bouleversant ?
Prouesse d’écrivain, magie de l’écriture, talent immense, à n’en pas douter…
Présentation par l’éditeur:
«Les deux hommes levèrent les yeux car le rectangle de soleil de la porte s’était masqué. Debout, une jeune femme regardait dans la chambre. Elle avait de grosses lèvres enduites de rouge, et des yeux très écartés fortement maquillés. Ses ongles étaient rouges. Ses cheveux pendaient en grappes bouclées, comme des petites saucisses. Elle portait une robe de maison en coton, et des mules rouges, ornées de petits bouquets de plumes d’autruche rouges.»
Celui-là fait partie de mon panthéon personnel de Litterature.
Coucou !
Lu et adoré ! Pleuré, même, sur la fin, lorsque j’ai compris que… mon dieu, quelle émotion dans ce roman.
Nous sommes bien d’accord 😉
Défi excellemment relevé, Sylvie ! Très belle chronique pour ce très grand livre. Et de magnifiques lectures sur ton blog. Et puis une blogueuse qui cite Boileau, ce n’est pas tous les jours ! 🙂
Merci Philippe 🙂
Oui, pour Boileau, j’étais sans doute très inspirée ce jour-là 😉
Ah je n’étais pas ironique ! Quelques références en eaux profondes (jeu de mot non volontaire) ne font pas de mal (même si Boileau n’est pas… ma tasse de thé préférée…)
J’avais bien compris qu’il n’y avait pas d’ironie 😉 J’avais trouvé cette référence à Boileau par hasard, je ne suis pas une grande liseuse de « classiques ».