mercredi , 24 juillet 2024

Tortilla Flat

Auteur: John Steinbeck (Prix Nobel de littérature 1962)

Editeur: Folio – 1972 (251 pages)

Lu en juin 2015

tortilla flatMon avis: Il m’arrive parfois, certains jours dépourvus d’inspiration, de lire les critiques d’autres lecteurs avant d’écrire la mienne. Il m’arrive aussi de le regretter, parce que certaines d’entre elles sont tellement bien écrites et complètes, traduisent si bien ce que j’ai moi-même ressenti, que j’ai du mal à encore trouver quelque chose à écrire d’un tant soit peu intelligent, à défaut d’être original, ou le contraire. Pas de regrets cette fois-ci, puisque j’ai été bien inspirée de lire la critique de Nastasia (celle du 03/08/2013), sur Babelio, avant de me mettre à écrire. Non pas que ladite critique soit mal écrite, incomplète, inintelligente ou banale, (très) loin de là, mais sa lecture m’a offert un éclairage rétrospectif sans lequel le sens de Tortilla Flat m’aurait échappé en grande partie. Avant de lire cette critique, j’avais terminé le roman en me disant « Tiens, Steinbeck fait aussi dans l’humour potache en tournant ses contemporains en dérision ? Après tout, pourquoi pas ? ». Mais la vraie question n’était pas « Pourquoi pas ? », mais simplement « Pourquoi ? ». Pourquoi Steinbeck écrit-il tout à coup un roman joyeux, dont rien que le titre donne envie de sourire, lui qui fait plutôt dans le dramatique ? Pourquoi ce si grand auteur américain semble-t-il s’abaisser à se payer la tête de pauvres petits gars pas bien malins, lui qui d’habitude fait montre d’une empathie à toute épreuve envers ses personnages malheureux ?
Peut-être qu’ici, ce qui fait la différence, c’est que les personnages ne sont pas réellement malheureux. Danny et ses amis ne possèdent pas grand-chose, à peine ce qu’ils ont sur le dos, et rarement un sou vaillant en poche, vivent d’expédients, au jour le jour, tout en faisant d’énormes efforts pour éviter de devoir travailler pour manger. Dans la Californie des années 40-50, ces paisanos (sang-mêlé d’origines espagnole, indienne et mexicaine) sont des marginaux, dans le sens où ils n’imaginent même pas vivre selon les normes américaines de l’époque (quoique pas seulement américaines et pas seulement de l’époque), c’est-à-dire travailler pour gagner honnêtement le droit d’avoir un toit sur la tête, un frigo dans la cuisine et une auto dans le garage. Pour Danny et ses semblables, la vie est un jeu, une loterie, dans laquelle on trouve ses repas en chapardant chez les voisins, le vin en arnaquant les patrons de bistrots, et l’amour en faisant les yeux doux aux épouses des braves gens. Si on se fait prendre et envoyer à la case prison ou vendetta personnelle, eh bien, tant pis, ça faisait partie du jeu… Alors, quand, de manière inespérée, survient la richesse sous la forme d’une maison héritée de son grand-père, on croit Danny et ses amis devenus les rois du monde (de leur monde), et pourtant… Que de complications engendrées par la possession, que de méfiance, de déloyauté, d’hypocrisie, de pressions,…Il était plus facile de partager ce qu’on n’avait pas, ou qui appartenait à d’autres… Au début on croyait à la farce, à la fin on comprend que c’est une comédie dramatique, fable drolatique où on trouve la richesse dans ce qu’on est, pas dans ce qu’on a…

Présentation par l’éditeur:

«- Je vais tout te raconter. J’ai acheté deux gallons de vin et je les ai apportés ici dans le bois, puis je suis allé me promener avec Arabella Gross. J’avais acheté pour elle, à Monterey, une paire de pantalons de soie. Elle les a beaucoup aimés, si roses, si doux. Et puis, je lui ai aussi acheté une petite bouteille de whisky. Un peu plus tard, elle a rencontré des soldats et elle est partie avec eux.

– Oh ! la détrousseuse de l’honnête homme !»

Evaluation :

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Un commentaire

  1. Pas encore lu, mais je l’ai dans ma terrible PAL ! Pour la perle, dont tu parles dans ton autre chronique, lui, je l’avais lu à l’école et j’avais bien aimé. 😉