mardi , 10 décembre 2024

Écorces

Auteur: Hajar Bali

Editeur: Belfond – 9 janvier 2020 (304 pages)

Lu en janvier 2020

Mon avis: Trois femmes et un jeune homme vivent ensemble dans un minuscule appartement à Alger. Dans ce cocon tissé par Baya, son arrière-grand-mère, Fatima, sa grand-mère, et Meriem, sa mère, Nour, 23 ans, est choyé mais se sent étouffer, chaperonné qu’il est par ces trois femmes. D’autant plus que Nour vient de rencontrer Mouna, une jeune femme un peu étrange qui l’attire irrésistiblement, au grand dam des trois « mères » du garçon. Sont-elles méfiantes à l’égard de Mouna uniquement parce que celle-ci risque de leur enlever leur poussin, ou y aurait-il derrière leurs craintes un secret de famille inavouable et bien gardé ?
A travers cette saga familiale, l’auteure nous emmène dans le passé récent de l’Algérie, de la période coloniale en 1935 à la montée de l’islamisme, en passant par la guerre d’indépendance. La construction n’est pas linéaire et passe du présent au passé au gré des souvenirs des personnages, sur lesquels plane l’ombre des deux autres hommes de la famille, Haroun, le poète incompris, et Kamel, le menuisier taciturne. Nour a en commun avec eux un besoin de silence et de solitude, difficile à trouver dans un univers de bavardages…
Entre narration et questionnements existentiels, l’histoire familiale se reconstruit progressivement. Même si on comprend vite la teneur du « secret », l’issue reste incertaine et ouverte jusqu’au bout. Malgré quelques longueurs (les réflexions sur les mathématiques et la musique classique), j’ai bien aimé ce roman, sa construction, son humour et sa poésie, et ses personnages hésitant entre traditions et amour, entre engagement, lâcheté, loyauté ou liberté.

En partenariat avec les Editions Belfond via Netgalley.
#Ecorces #NetGalleyFrance

Présentation par l’éditeur:

 » – Je n’ai pas eu d’enfance au village, Baya.
– Tu verras que si ! « 

Nour, 23 ans, étudiant en mathématiques, vit avec son arrière-grand-mère, Baya, sa grand-mère, Fatima, et sa mère, Meriem, dans un minuscule appartement d’Alger. Baya, 95 ans, née pendant la colonisation, est une femme courage qui a bravé les interdits et les mœurs de son temps. Jour après jour, elle transmet la mémoire de la famille à Nour. Élevé dans ce gynécée étouffant, celui-ci s’ouvre au monde et à l’amour, qu’il trouve en Mouna, jeune femme à l' » inquiétante étrangeté « . Pourquoi le trouble-t-elle autant ? Est-elle celle qu’elle prétend être ? À son insu, Nour va se retrouver au cœur d’une incroyable vengeance familiale reposant sur des secrets que Baya avait bien gardés.

Dans ce premier roman qui déjoue les codes de la saga familiale avec ampleur et modernité, Hajar Bali entrecroise les destins de ses personnages et les moments clés de l’histoire de l’Algérie du xxe siècle, explorant avec force et délicatesse la question de l’indicible. Ou comment rendre compte de l’humain, de sa complexité, de ses paradoxes, au-delà du langage et de ses axiomes, dans ce qui ne peut être nommé.

Evaluation :

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