lundi , 7 octobre 2024

La danse du temps

Auteur: Anne Tyler

Editeur: Phébus – 4 avril 2019 (272 pages)

Lu en avril 2019

Mon avis: Pardon de le dire aussi platement, mais Willa Drake est une potiche. Inodore, incolore, insipide, passive, voilà 60 ans qu’elle laisse les autres déterminer le cours de sa vie. Elle a renoncé à une bourse d’études pour suivre son premier mari de l’autre côté des USA, puis à un travail valorisant pour accompagner le second au fond de l’Arizona, et ses relations avec ses deux grands fils sont insignifiantes. Dans une note introductive, l’auteure nous fait savoir que la « transparence » de son personnage est due à une enfance troublée par une mère instable et un père trop accommodant avec son épouse, et à la décision que la petite Willa aurait prise à 11 ans d’épouser un homme stable et sécurisant. Pourquoi nous expliquer cela en aparté plutôt que de nous le laisser comprendre à la lecture du roman ? Sans doute parce que le livre ne fait que survoler poussivement cet aspect. La première partie développe donc vaguement l’enfance de Willa à 11 ans, puis sa vie de jeune fiancée à 21 ans et enfin sa vie de femme rangée à 41 ans alors que son premier mari vient de se tuer dans un accident de la route. Tout cela aurait été intéressant mais la psychologie et les relations entre les personnages sont sous-exploitées, on reste en surface alors qu’il y avait matière à creuser. Qu’à cela ne tienne, on s’attend à ce que la deuxième partie du roman s’ouvre sur LA révélation qui bouleversera la vie étriquée de cette pauvre Willa, 61 ans, délaissée dans son coin de désert. Et donc, l’événement survient par la grâce d’un coup de fil : une inconnue appelle Willa pour lui demander de venir s’occuper en urgence de Cheryl, 9 ans, dont la mère, Denise (une ex-petite amie de son fils aîné), vient d’être hospitalisée après avoir reçu une balle perdue dans la jambe. Précisons pour plus de clarté que l’inconnue est la voisine de Denise et Cheryl et qu’elle a trouvé le numéro de Willa par hasard dans le répertoire de Denise, que Cheryl n’est pas la petite-fille de Willa, et que cette dernière n’a jamais rencontré Denise et encore moins Cheryl, qui en plus n’ont rien demandé. Mais peu importe, Willa décide sans plus réfléchir de voler au secours de ces malheureuses à l’autre bout du pays, dans la jungle de Baltimore. On a déjà lu plus vraisemblable, mais puisqu’il est question de destin qui bascule, soit, soyons open. Donc voilà Willa, maladroite et timorée, qui débarque et s’installe fissa chez Denise et Cheryl, dans un quartier ni très chic ni très pourri, où tous les voisins sont charmants et serviables (mais pas au point de s’occuper quelques jours d’une gamine de 9 ans), où ladite gamine, adorable et drôlement mûre pour son âge, accepte sans broncher cette mamy d’adoption, où Denise à l’hôpital n’en finit pas de s’excuser pour le malentendu et le dérangement (mais accepte la présence de Willa dans sa maison pendant plusieurs semaines). Bref tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes (sauf pour Peter, le 2è mari de Willa, d’humeur « ronchonchon » (sic) parce qu’il trouve l’attitude de sa femme aberrante). Et donc ? Ben voilà, Willa est comme un poisson dans l’eau à Baltimore, avec des vraies gens et une vraie famille. Et puis un jour elle rentre chez elle, et décide de mener une nouvelle vie. The end.
Je n’ai sans doute rien compris, ou bien j’ai un cœur de pierre, mais tout cela m’a semblé très plat, sans grand intérêt, dépassé (impression constante d’être dans les années 90 avec une Willa de 80 ans alors qu’on est en 2017 et que Willa n’a que 61 ans), caricatural et gnangnan (de gentilles pauvres femmes malmenées par des hommes égoïstes, à une ou deux exceptions près), superficiel, avec trop d’éléments ou de personnages mis en avant et abandonnés en cours de route. Et à lire la 4ème de couverture de la jaquette (« un texte extraordinaire » selon Publishers Weekly, « l’une de nos plus grandes romancières contemporaines ; si c’était à nous de décider, elle recevrait le prochain prix Nobel » selon The Observer, « Si Anne Tyler n’est pas la plus grande écrivaine au monde, qui l’est ? » selon BBC Radio 4), j’en reste toute songeuse…

En partenariat avec les Editions Phébus via une opération Masse Critique privilégiée de Babelio.

Présentation par l’éditeur:

A soixante et un ans, Willa Drake mène une existence réglée comme du papier à musique en Arizona. Jusqu’à un coup de fil venu de l’autre bout du pays lui apprenant que la compagne de son fils s’est fait tirer dessus. Sa petite-fille a besoin d’elle! Tant pis s’il s’agit d’une erreur de numéro, Willa abandonne tout et file à Baltimore devenir grand-mère.
Dans La danse du temps, Anne Tyler nous rappelle avec humour et tendresse qu’il n’est jamais trop tard pour choisir sa vie.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Donc rien d’intéressant à découvrir ici… Une lecture perdue.