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Les deux vies de Sofia

Auteur: Ronaldo Wrobel

Editeur: Métailié – 11 avril 2019 (224 pages)

Lu en avril 2019

Mon avis: En 1938, Sofia Stern a 19 ans. Mi-juive, mi-chrétienne, elle a décidé de quitter, seule, Hambourg, sa ville natale, et l’Allemagne nazie à bord d’un cargo en partance pour le Brésil.
En 2013, Sofia est une respectable vieille dame de 95 ans, toujours alerte et accro à la cigarette depuis sa jeunesse. Elle vit à Rio avec Ronaldo, son petit-fils trentenaire qui l’adore. Du passé de sa grand-mère, il ne connaît presque rien en dehors sa fuite d’Europe à la veille de la Deuxième Guerre mondiale. Il sait que Sofia n’aime pas en parler, qu’elle est parfois mélancolique ou fantasque, à moins que ce ne soit Alzheimer qui guette. Un jour, Ronaldo reçoit un appel téléphonique d’une juge de Hambourg, qui lui parle du testament rédigé en 1938 par une certaine Klara Hansen en faveur de Sofia, par lequel elle lui lègue des bijoux pour un montant faramineux. C’est là l’élément déclencheur qui va pousser Sofia à raconter – certes à sa façon – des bribes de son passé à Ronaldo, et les embarquer tous deux dans un avion pour Hambourg, sur les traces de l’histoire d’amitié profonde entre Sofia et Klara, et de l’histoire d’amour fou entre Sofia et Hugo, le frère de Klara, opposant au nazisme. Un triangle relationnel périlleux qui les mettra en danger à plusieurs reprises, jusqu’à une fatale nuit de Cristal.
Entre une description des débuts de l’Allemagne hitlérienne et les aventures de Ronaldo et Sofia à Hambourg, ce roman dresse le portrait de trois personnages originaux et charismatiques, complexes, que le contexte de pauvreté et de violence de l’époque conduit sans cesse à la compromission, et peu importe si la morale réprouve. Cette histoire est un bonheur de lecture, elle est tragique mais follement romanesque, se lit à toute vitesse et ne lésine pas sur les rebondissements. Le suspense est à son comble dans les derniers chapitres et le twist final, moins frustrant que réjouissant, laisse définitivement planer une aura de mystère sur le personnage de Sofia. Comme le dit Ronaldo, « un roman épique, héroïque – et inachevé« . Ceux qui liront comprendront :-).

En partenariat avec les Editions Métailié.

Présentation par l’éditeur:

Ronaldo vit à Copacabana avec sa grand-mère Sofia, née en Allemagne et arrivée au Brésil à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Un soir elle lui dit qu’elle sort s’amuser et s’enfuit dans une orbe en velours noir, maquillée et couverte de bijoux. On ne connaît jamais vraiment ses grands-parents.
Dans le Hambourg des années 30, deux adolescentes que tout oppose se jurent une amitié indéfectible. Klara, très douée pour le dessin, devient créatrice de mode et connaît un grand succès au bras d’un jeune officier nazi; Sofia, fille d’un accordeur de piano aveugle et juif, se débrouille en trafiquant de la morphine et en chantant dans les cabarets, et tombe amoureuse du frère de Klara, enfant terrible et anarchiste résistant au nazisme.
Ces deux élégantes à la morale assez créative sont les héroïnes d’un roman picaresque bien ficelé; elles fascinent et surprennent le lecteur, autant que le héros qui découvre une grand-mère mystérieuse et rouée, et une folle histoire d’amour toujours vivante. Un régal de lecture.

Evaluation :

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2 commentaires

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