Auteure: Amélie Nothomb
Editeur: Albin Michel – 2000 (180 pages)/Le Livre de Poche – 2002 (160 pages)
Lu en février 2024
Mon avis: Un Nothomb dans la veine autobiographique, plus précisément sur les trois premières années de la vie de l’auteure au Japon, pays dans lequel son père, diplomate belge, est affecté à l’époque.
Encore faut-il s’entendre sur le point de départ de cette vie, puisque Amélie Nothomb considère qu’elle est née à l’âge de deux ans et demi, par la grâce d’une spécialité belge apportée par sa grand-mère paternelle en visite au Japon.
Et donc, avant cette naissance, l’auteure tenait davantage de la plante que de l’humain, du tube digestif fonctionnel que de l’être vivant doté d’une individualité débutante. La petite Amélie « pré-naissance » est en effet un bébé léthargique, silencieux, immobile, sans regard, sans affects, sans conscience d’elle-même et qui, forcément, n’en fait pas tout un drame, faute d’avoir la moindre idée de ce qu’est la vie.
Mais les choses changent donc radicalement deux ans et demi après sa naissance biologique, avec la découverte du plaisir. A partir de cette révélation, Amélie Nothomb se souvient de tout, et nous livre ainsi le récit de ses six premiers mois de vraie vie, avant son entrée à la maternelle à l’âge de trois ans. Entre ses parents, son frère et sa soeur aînés, et sa nounou japonaise en adoration devant cet enfant-dieu, Amélie découvre ce petit monde dont elle se croit la souveraine incontestée et incontestable. De l’apprentissage du langage (en français et en japonais) au nourrissage de carpes, on fait la connaissance d’une enfant précoce, sensible à la beauté et à la culture japonaise, imbue de sa petite personne, qui frôle la mort à deux reprises et se questionne sur celle-ci et sur l’importance de la parole qui fait exister les choses et les êtres quand elle les nomme.
Même s’il paraît invraisemblable que l’auteure se souvienne réellement de sa petite enfance, ce récit est cocasse, agaçant, lucide et à hauteur d’enfant, sérieux ou léger, plus subtil qu’il n’y paraît, et surtout, constitue, dans un style impeccable, une déclaration d’amour sincère au Japon, par celle qui s’est longtemps crue Japonaise.
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Présentation par l’éditeur:
Parce qu’elle ne bouge pas et ne pleure pas, se bornant à quelques fonctions essentielles – déglutition, digestion, excrétion –, ses parents l’ont surnommée la Plante. L’intéressée se considère plutôt, à ce stade, comme un tube. Mais ce tube, c’est Dieu.
Le lecteur comprendra vite pourquoi, et apprendra aussi que la vie de Dieu n’est pas éternelle, même au pays du Soleil levant…
Avec cette « autobiographie de zéro à trois ans », Amélie Nothomb nous révèle des aspects ignorés de sa personnalité et de la vie en général, tout en se montrant plus incisive, plus lucide et plus drôle que jamais.