Auteur: Irina Teodorescu
Editeur: Flammarion – 28 août 2019 (224 pages)
Lu en juillet 2019
Mon avis: Carmen est une avocate parisienne d’origine roumaine, née en 1979. Le décès d’un de ses amis, un « Grand Poète » qui compta parmi les révolutionnaires de 1989 qui renversèrent le régime de Ceausescu, la replonge dans ses souvenirs de jeunesse, lorsqu’elle vivait en Roumanie sous la dictature communiste. Elle nous raconte alors les poèmes qu’elle écrivait à son institutrice, ses classes de neige, sa grand-mère folle et surveillée depuis longtemps par les services secrets, sa mère qui correspond par cassettes audio interposées avec une amie exilée aux Etats-Unis, les événements de la révolution qui conduisent à la chute du couple dictateur. Elle parle aussi brièvement de sa relation avec son ami poète et de sa vie depuis son arrivée en France.
Et puis…
Et puis voilà, c’est à peu près tout ce que j’ai compris et retenu de ce roman (que je suppose largement autobiographique), écrit dans un style plein de fraîcheur et proche de l’oralité.
Et ce titre curieux, alors ? Si j’ai bien compris la 4ème de couverture (mais rien n’est moins sûr), l’auteure tente un parallèle entre la révolution roumaine de 1989 et le mouvement des gilets jaunes (pourtant à peine évoqué), et veut démontrer que les révolutions ne sont inspirées ni par des envolées poétiques ni par des pulsions animales. Mais inspirées par quoi, alors ? Spontanément et bêtement, j’aurais dit : par la faim, la soif de liberté ou de paix, le désir d’un pouvoir d’achat plus important,… L’auteure conclut sur un autre plan : en gros, ni poète ni animal mais les deux à la fois : « […] le camp des artistes et le camp des sauvages unis contre le manque d’imagination et contre ce dressage qu’on appelle depuis trop longtemps éducation, unis les animaux et les poètes, unis pour réfléchir, pour inventer […] ». Et donc, poètes et animaux, unissez-vous. Moui, certes. Encore faudrait-il cerner ces deux catégories et ensuite pouvoir se reconnaître dans l’une ou l’autre. Mais apparemment c’est une autre histoire, et ce n’est pas l’objet de ce roman. L’auteure se contente ici de nous livrer en vrac ses souvenirs d’enfance liés à son école, aux différents membres de sa famille, et à la révolution, sans profondeur, sans véritable fil conducteur, et sans que je comprenne où cela mène.
Merci néanmoins aux Editions Flammarion et à Babelio pour ce livre reçu dans le cadre d’une opération Masse Critique privilégiée.
Présentation par l’éditeur:
Carmen apprend la mort soudaine du Grand Poète, sa seule attache à la Roumanie, au moment où elle traverse un rond-point occupé par un peuple prêt à tout renverser. Alors, elle a comme un éblouissement : les souvenirs d’une autre révolution, conduite par ce poète autrefois dissident, lui reviennent, intacts.
1989. Elle avait dix ans et écrivait des poèmes à sa « camarade maîtresse » pendant que sa mère, cachée dans la salle de bains, enregistrait des K7 audio à destination d’une amie passée à l’Ouest et que son père échangeait les savons de son usine contre des petits pains. À l’époque, tout cela lui paraissait aussi banal que la folie de sa grand-mère, surveillée depuis toujours par les autorités, ou que les ours des Carpates dont on disait qu’ils mangeaient les enfants.
De quel genre de vague à l’âme naît une révolution ? Est-ce une impulsion animale ou poétique? En conteuse aussi insolite qu’inspirée, Irina Teodorescu puise dans les souvenirs vifs de son enfance pour mettre en scène trois générations de femmes – et quelques animaux à leur suite – que rien ne préparait à voir la grande Histoire tout bousculer.
Un roman alors plus sur un pays que sur un habitant ?
Sur un pays, oui mais vu par le prisme de souvenirs d’enfance d’une fillette de 10 ans, qui se rappelle de la façon dont elle et sa famille ont vécu les événements de 1989.