lundi , 18 mars 2024

Portnoy et son complexe

Auteur: Philip Roth

Editeur: Folio – 1973 (384 pages)

Lu en novembre 2018

Mon avis: Portnoy et son complexe, ou les confessions d’un obsédé sexuel juif américain de 33 ans à son psychanalyste. Car oui, Alexander Portnoy ne pense qu’à ça, et depuis l’enfance, et malgré une mère castratrice, et malgré les conventions sociales qui voudraient qu’il se trouve une gentille fille juive avec qui fonder une gentille famille juive. Mais las ! Mains, chaussettes, bouteilles de lait, tranches de foie de veau (bon appétit), puis plus tard, femmes (quand même), Alex ne manque pas d’imagination quand il s’agit de satisfaire sa fièvre sexuelle. Par contre, il en manque furieusement pour se libérer de la culpabilité, des préjugés et des dilemmes qui l’assaillent. Alors pendant ce monologue sur le divan, il vitupère contre sa mère possessive, son père ignare et sa sœur conformiste, éructe des blasphèmes contre les religions, y compris la sienne, critique violemment l’étroitesse d’esprit de sa communauté convaincue de la supériorité des Juifs sur le reste du monde, méprise les goys tout en rêvant d’être aussi libre qu’eux et surtout de courir les jupons de leurs femmes, se moque de la vie plan-plan des autres mais enrage contre le vide de la sienne, s’emporte contre l’intolérance et la bien-pensance, s’étouffe dans sa propre détresse. C’est peu dire qu’Alex Portnoy n’apparaît pas très sympathique, l’image réductrice qu’il a des femmes ne lui rendant pas service. Le bougre est plutôt pathétique à s’acharner dans l’autoflagellation, et le dénigrement constant de son entourage.

Toute cette verve (non, il n’y a pas de faute de frappe) hystérique, soutenue pendant 370 pages (édition poche), fait de ce livre un morceau de bravoure, brillant et audacieux pour son époque puritaine et conservatrice (1967). Mais malgré l’ironie et l’autodérision, l’accumulation d’épisodes salaces et drolatiques, de vulgarité et, parfois, d’élucubrations existentielles, est lassante et écœurante. Je comprends qu’on puisse tenir ce roman pour un grand livre, mais j’avoue – sans complexe – que pour moi, cette lecture a été plus barbante que jouissive.

Présentation par l’éditeur:

Jour et nuit, au travail et dans la rue – à trente-trois ans d’âge, et il rôde toujours dans les rues, avec les yeux hors de la tête. Un vrai miracle qu’il n’ait pas été réduit en bouillie par un taxi étant donné la façon dont il traverse les grandes artères de Manhattan à l’heure du déjeuner. Trente-trois ans, et toujours à mater et à se monter le bourrichon sur chaque fille qui croise les jambes en face de lui dans le métro.

Evaluation :

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2 commentaires

  1. Un héros fatigant et trop centré sur son nombril (pour rester correcte) n’est pas pour me plaire !